Depuis le lancement de la première génération de Leaf en 2010, Nissan n'avait pas lancé de vrais nouveaux produits 100 % électriques. D'abord précurseur en son temps, comme Renault avec sa Zoé, Nissan a vu son avance dans le domaine de l'électrique fondre comme neige au soleil avec l'accélération de l'électrification ces dernières années.
Et ce n'est pas seulement dans ce domaine que Nissan a perdu du terrain. Il en va de même au sein du segment des SUV où la firme japonaise était la pionnière en 2007 avec le lancement du Qashqai. Aujourd'hui, Nissan s'est fait rattraper puis même assez largement dépassé par la concurrence.
Mais il souffle comme un vent de renouveau chez le constructeur japonais ces derniers mois. Et quoi de mieux que de concilier deux domaines où la marque a été l'une des premières à dégainer pour engager une nouvelle marche en avant salvatrice ? La recette est peut-être aujourd'hui "simple comme bonjour", mais présenter un SUV électrique est la quasi garantie de voir ses chiffres de ventes progresser, et c'est bien là tout l'objectif de Nissan avec l'Ariya.
Le SUV japonais s'est fait désiré, notamment en raison de la pandémie, puis de la pénurie de semi-conducteurs. D'abord prévu pour l'automne 2021, l'Ariya n'arrive que maintenant, et seulement dans sa version avec la plus petite batterie, la plus grosse arrivant début 2023.
Plus esthétique qu'aérodynamique ?
En termes de dimensions, le Nissan Ariya mesure 4,60 mètres de long, 1,85 mètre de large (sans les rétroviseurs), 1,66 mètre de haut et possède un empattement généreux de 2,78 mètres. Le SUV japonais s’inscrit dans le segment C des SUV et sera en concurrence avec les Skoda Enyaq, Volkswagen ID.4 et autres Tesla Model Y.
Si le design des voitures électriques ne vous fait ni chaud ni froid, force est de constater que l'Ariya tente d'être un peu plus original que les autres avec des lignes plus étirées. Cela se ressent d'ailleurs au niveau de l'aérodynamisme puisque la marque annonce 0,29, ce qui est plutôt élevé en comparaison d'un Enyaq (0,25) ou encore d'un Model Y (0,23).
En matière de style, il y a quelques petits détails intéressants, comme la calandre, qui paraît lisse et sombre au premier abord, mais en y regardant d'un peu plus près, on y découvre de petits motifs qui symbolisent le Kumiko, une ancienne technique japonaise d’assemblage des pièces de bois, sans clou.
Un habitacle original et spacieux
À l'intérieur, comme pratiquement tous les SUV électriques aujourd'hui, l'Ariya joue la carte du minimalisme, avec un peu plus d'originalité néanmoins. En ce qui concerne les matériaux et les finitions, il y a du bon et du moins bon, avec un ensemble de qualité pour les parties hautes, un peu moins pour les plastiques bas. La planche de bord en faux bois est plutôt esthétique, elle intègre des commandes haptiques pour la climatisation notamment.
En termes d'ergonomie, l'Ariya joue encore la carte de l'originalité avec l'absence de séparation entre le conducteur et le passager. Seule la console centrale vient habiller l’ensemble, une console centrale flottante et électrique qui permet de la faire coulisser sur environ 15 cm, comme le système de l'ancien Renault Scénic.
Nissan a aussi intégré un espace de rangement au centre de la planche de bord qui s’ouvre électriquement grâce à une commande située au niveau de la console centrale et permet d’y placer un smartphone ou une tablette. L'ouverture et la fermeture est électrique.
Nous retrouvons aussi un bloc de deux écrans de 12,3 pouces, un pour le système d’instrumentation, l’autre pour l’info-divertissement. L'ensemble est plutôt fluide et assez bien fait, dommage que la qualité des graphismes ne soit pas au rendez-vous. L’Ariya dispose d’un planificateur d’itinéraire connecté qui calcule le meilleur itinéraire en prenant en compte, en temps réel, divers facteurs tels que le trafic routier, les conditions de circulation, la disponibilité des bornes de recharge et le niveau de charge de la batterie.
À l’arrière, la plateforme CMF-EV (la même que la Renault Mégane E-Tech) à l’empattement généreux octroie un bel espace aux jambes aux occupants. En ce qui concerne le coffre, Nissan annonce 468 litres en configuration 5 places, soit moins que les 543 litres de la Volkswagen ID.4 et les 585 litres du Skoda Enyaq. Il chute même à 415 litres en version 4×4 avec le second moteur électrique à l’arrière.
L'autonomie, la batterie et la recharge
En France, le Nissan Ariya sera disponible avec deux packs batteries : 63 kWh et 87 kWh. Notre version d’essai de 63 kWh revendique 403 km d’autonomie sur cycle WLTP. L’autonomie de l’Ariya avec la plus grosse batterie atteint les 500 km en transmission intégrale et 533 km en version propulsion.
Toutes les versions bénéficient d’une recharge DC maximale de 130 kW. Cela peut paraître peu face à des modèles qui dépassent aujourd'hui allègrement les 200 kW, mais Nissan justifie ce choix pour préserver la batterie et une courbe de charge constante qui ne faiblit quasiment pas jusqu’à 80 % de charge. Avec la recharge rapide, il est possible de passer de 20 à 80 % en 30 minutes (soit environ 267 km récupérés) pour notre version de 63 kW.
Concernant la recharge en courant alternatif, la puissance plafonne à 7,4 kW de série, et il faut ajouter 1000 euros pour bénéficier du chargeur embarqué de 22 kW, uniquement disponible avec la batterie de 87 kWh. Oubliez également le standard CHAdeMO chez Nissan, l’Ariya est sur le standard européen Combo CCS.
De belles promesses à confirmer
Pour notre essai, nous nous sommes rendus du côté de Stockholm, en Suède, sur un parcours très propice à l'éco-conduite. Notre consommation le prouve d'ailleurs, puisque sur les 150 km d'essai environ, nous n'avons relevé que 16,5 kWh/100 km. Les routes étaient peu vallonnées et limitées à 70 km/h en moyenne, tandis que les innombrables radars dans le pays n’incitent pas forcément à adopter une conduite dynamique. Un essai plus poussé avec des sessions sur autoroute et des routes plus roulantes n’aurait pas été de refus afin de pouvoir essayer la voiture dans toutes les conditions.
Notre Ariya d’essai était une version 63 kWh dotée de deux roues motrices et d’un moteur électrique de 218 ch et 300 Nm de couple. Les performances sont convenables pour un modèle qui s’approche des deux tonnes, le 0 à 100 km/h est abattu en 7,5 secondes et la vitesse maximale annoncée à 160 km/h.
L’Ariya fait preuve d’un confort plutôt appréciable, même si, là encore, les routes étaient globalement lisses comme de la soie. Nous avons bien tenté de hausser le rythme à certains moments, l'occasion de constater que les mouvements de caisse sont plutôt bien maîtrisés et la voiture fait preuve d’une agilité plutôt étonnante au vu de son gabarit, mais impossible d'adopter une conduite vraiment dynamique au vu des conditions. Même si, effectivement, la voiture ne s'y prête pas, une session plus "roulante" est toujours appréciable pour juger de toutes les capacités d'une voiture.
Nous avons en revanche pu tester le système e-Pedal, qui fait tant merveille sur la Leaf et permet de se passer de la pédale de frein dans 90 % des cas grâce à un freinage régénératif amplifié. Malheureusement, pour d'obscures raisons de manœuvres parfois compliquées avec ce système d'après certains clients de la Leaf, le système de e-Pedal de l'Ariya ne va plus jusqu'à l'arrêt, mais jusqu'à 15 km/h. En ville, le e-Pedal Step est très pratique, mais un peu moins en conduite dynamique puisqu’il gommera les sensations. Il est toutefois possible de le désactiver.
Au chapitre des aides à la conduite, le SUV nippon est équipé du ProPILOT avec Navi Link, la dernière version du système d’assistance à la conduite de Nissan en Europe. Doté du Nissan Safety Shield de série, l’Ariya intègre une caméra 360 degrés, le freinage d’urgence avec détection des piétons, cyclistes et intersections, le système d’alerte prédictif anticollision frontale ou la prévention de franchissement de ligne.
Les prix
L’Ariya débute à partir de 47 300 euros en France pour la version entrée de gamme "Advance" avec la batterie de 63 kWh. Notre version d’essai "Evolve" débute à partir de 51 800 euros et bénéficie en plus du toit ouvrant panoramique et du pack tech (affichage tête haute, rétroviseur intérieur caméra, système audio Bose...).
Les versions dotées de la batterie de 87 kWh débutent à partir de 54 400 euros, et s’échelonnent jusqu’à 61 900 euros pour l’Ariya le plus puissant avec ses 306 ch, 600 Nm de couple et ses quatre roues motrices.
En face, la concurrence est féroce et surtout bien installée sur le marché. Nous retrouvons la Volkswagen ID.4, disponible avec des batteries de 52 kWh (359 km d’autonomie, à partir de 43 000 euros) ou 77 kWh (531 km d’autonomie, à partir de 50 850 euros) et le Skoda Enyaq disponible avec les deux mêmes packs batteries (58 kWh, 397 km d’autonomie, à partir de 43 840 euros et 77 kWh, 544 km d’autonomie, à partir de 51 080 euros).
Le Tesla Model Y, plus puissant et plus technologique aussi, est un cran au-dessus en termes de prix avec un tarif affiché à 64 990 euros pour la version "Grande Autonomie" et ses 533 km d’autonomie.
À lire aussi
| Points positifs | Points négatifs |
|---|---|
| Agrément de conduite | Quelques matériaux de qualité moyenne |
| Intérieur original | Graphisme des écrans déjà daté |
| Dotation de série généreuse | e-Pedal qui ne va plus jusqu'à l'arrêt |
Galerie: Essai Nissan Ariya (2022)
Nissan Ariya