Elon Musk l'a dit il y a peu : il compte bien sur la nouvelle Tesla Model Y pour devenir la voiture électrique la plus vendue dans un futur proche. Et si le petit frère du Model X suit effectivement la trace du Model 3, qui truste les premières places des ventes à travers le monde, il y a de fortes chances qu'il y arrive !
En attendant le crossover arrive sur le marché français et se fait encore rare sur les routes. Nous avons pu prendre son volant pendant quelques jours, en version Grande Autonomie. L'occasion de le comparer avec la berline Model 3 et de voir ses avantages et inconvénients. Et de tester son autonomie sur un trajet Paris-Rennes.

Pas si compact que ça
Si en voyant les premières photos du Model Y en mars 2019 (déjà 2 ans !) nous avions l'impression de ne voir qu'une version surélevée du Model 3, il est vrai qu'en arrivant sur le parking de Tesla Chambourcy où nous venons chercher le véhicule, on différencie immédiatement les deux modèles. Tesla nous l'a (re)précisé : 25 % de la voiture n'est pas reprise du Model 3.
Il faut dire que le Model Y, avec 4,75 m de long, est 6 cm plus long que la berline. Il est également 7 cm plus large (1,92 m), 3 cm plus haut par rapport au sol, et surtout 18 cm plus haut. Sans oublier l'empattement presque 2 cm plus long. Si on reste encore très loin de l'imposant Model X, le Model Y n'est pas un petit gabarit.

Pour le reste, il est vrai que la face avant est très proche de celle du Model 3. C'est sans doute de là que vient l'impression d'une simple version rehaussée. Plus imposant, le Model Y paraît également plus trapu avec son pavillon bien plus haut. La ceinture de caisse est également plus large et plus haute, ce qui ne l'amincit pas visuellement. Enfin le hayon du Model Y se termine sur un aileron relativement prononcé qui vient accentuer le côté fastback à l'arrière.



Pour ce qui est de la configuration du Model Y essayé, il s'agit là de celle de base sur le configurateur : le blanc nacré de la carrosserie est de série, tout comme les jantes de 19 pouces. Des jantes qui ont la particularité d'être recouvertes d'enjoliveurs en plastique offrant moins de prise au vent et une meilleure efficience. Mais le dessin des jantes sous le plastique (qui s'enlève à la main) est sympa aussi !
Pour changer de couleur, le noir, le bleu et le gris sont facturés 1190 €, le rouge 2100 €. Pour les très belles jantes de 20 pouces façon turbine, comptez 2100 € en plus (et 30 km d'autonomie en moins). Et c'est ce qui est toujours bien chez Tesla, le choix est relativement limité, ce qui permet de ne pas se perdre dans la gamme, ni de trop allonger la facture en futilités.

Coffre royal
À l'intérieur aussi, les choix pour le Model Y son relativement limités : soit tout noir (sièges et baguette qui relie les portières avant en passant sur toute la planche de bord), soit tout blanc. Notre modèle d'essai était blanc. Et si effectivement cette configuration éclaircit l'intérieur, évitez là pour si vous avez des enfants. Et même pour vous ! Lors de notre essai, nous avons pu remarquer des traces sur le siège conducteur, soit de jean qui déteint, soit de saleté, déjà. Donc le cuir vegan blanc semble particulièrement sensible. Pour une voiture qui affichait moins de 2000 km au compteur, c'est quand même pas génial !


Pour le reste la qualité de finition est bonne dans ce Model Y, on est très proche de ce que l'on trouve dans la Model 3. Mais toujours en deçà des références allemands. En revanche l'espace à bord est en nette augmentation, notamment aux places arrière avec toujours ce plancher plat permettant d'accueillir aisément jusqu'à 5 personnes. La configuration 7 places n'est pas encore disponible au catalogue français.

Venons-en enfin à ce qui représentera sans doute le meilleur argument de vente du Model Y face au Model 3 : la taille de son coffre. Et quand il est annoncé à 425 litres maximum sur la berline, le volume du SUV peut passer de 851 litres à 2158 litres ! Un très gros avantage dû au hayon (simple malle sur Model 3) et à la banquette qui se rabat en deux parties grâce à autant de boutons électriques situés directement dans le coffre. Mais non seulement le coffre est grand, mais en plus il possède de profonds rangements de chaque côté, et deux autres sous le plancher, dont un vraiment très profond. Sans oublier les 117 litres sous le capot avant !




Autonomie et recharge
Le Model Y reprend la plateforme classique "skateboard" du Model 3, mais construit selon des méthodes innovantes, avec un seul corps moulé pour tout l'arrière. La batterie lithium-ion offre une capacité de 75 kWh. Notre version d'essai, Grande Autonomie, annonce une autonomie de 507 km (passée à 533 km depuis notre essai).
Avec une consommation relevée de 190 Wh/km, soit 19 kWh/100 km, sur notre trajet de 370 km nous menant de Paris à Rennes, dont une très grande majorité sur autoroute (320 km), le Model Y se montre plutôt peu gourmand et permet d'envisager sereinement les déplacements longs. Avec une consommation identique et dans les même conditions (hiver, 130 km/h, siège chauffant et chauffage...), notre Model Y aurait pu parcourir près de 420 km.

Évidemment sur la route il nous aura fallu nous arrêter à un Superchargeur, en l'occurrence la très belle et toute nouvelle station du Mans. Le Model Y peut recharger jusqu'à 250 kW. Ce qui en théorie signifie qu'il ne faut que 15 minutes pour passer de 20 % à 80 % de charge. Malheureusement, nous n'aurons pas réussi à prendre plus de 129 kW, et ce malgré un début de charge à 34 %. Ce qui ne fera que rallonger notre arrêt.
À noter que sur autoroute, nous avons relevé une consommation de 26,7 kWh/100 km, ce qui correspondrait à une autonomie de 280 km (température d'environ 5°C). Et sur notre périple complet au volant de ce Model Y, soit 951,2 km, notre consommation aura été de 21 kWh/100 km, ce qui correspondrait à une autonomie de 357 km. Précisons que deux tiers ont été faits sur autoroute, et à températures hivernales. Et tout ça sans se priver ni du chauffage, ni des sièges chauffants, ni de l'Autopilot... Et en testant évidemment les capacités dynamiques du modèle, donc loin de l'éco-conduite.

Le feeling Tesla
C'est en s'installant au volant du Model Y que l'on se rend mieux compte de ses dimensions, quand même bien supérieures à celles du Model Y. Et très vite on se rend compte de quelques écueils, comme la visibilité vers l'arrière, ou encore l'angle de braquage un peu limité.
Et si les aides à la conduite, et notamment les caméras disposées tout autour permettent d'aider aux manoeuvres, là aussi il y a des limites : en vous garant le long d'un trottoir, vous voyez difficilement la jante arrière se rapprocher du trottoir, et ce malgré les caméras latérales. Moins jolies, les jantes de 19 pouces seront mieux préservées que les 20'. Quant à la visibilité, est n'est vraiment pas idéale non plus à l'arrière.

Voilà pour les principales réserves. Pour le reste, on retrouve le feeling typique de Tesla. Il faut dire que le Model Y Grande Autonomie offre une puissance généreuse de 351 ch et 527 Nm de couple instantané grâce à ses deux moteurs. La transmission intégrale est également de la partie. De quoi envoyer le 0 à 100 km/h en 5 secondes, et ce malgré les 2 tonnes du véhicule. De quoi assurer de très bonnes accélérations. Et pour vos passagers qui aimeraient une conduite plus douce, il existe le mode Confort, plus doux dans la direction et dans l'accélération.
Côté amortissement, avec une suspension triangle à l'avant et à double triangulation à l'arrière, le Model Y ne se montre pas trop sec, mais aurait pu avoir une position réglable pour correspondre au mode Confort là aussi.

Pour en revenir au comportement de la voiture, le Model Y prend très vite de la vitesse, mais le freinage régénératif au feeling naturel et progressif, permet de calmer ses ardeurs. Pour le reste, le SUV se montre très sain dans le comportement, avec un centre de gravité qui reste bas, malgré évidemment la garde au sol réhaussée. Et s'il perd un peu du feeling sportif de la berline, il n'en reste pas moins étonnant d'efficacité pour un engin de cette taille et de ce poids.
Dernier mot sur l'insonorisation avec un Model Y qui a des vitres avant à double vitrage, tandis que le grand toit panoramique en verre bénéficie d'un traitement spécial d'insonorisation (c'est juste dommage qu'il ne soit pas occultant). L'insonorisation est donc très bonne, peut-être même meilleure que sur le Model 3.
Conclusion
Pour résumer, ce Tesla Model Y vient en parfait complément de la gamme, plus grand que la Model 3 et surtout avec un hayon, ce qui s'avère quand même bien plus pratique. Pour le reste, c'est une Tesla, avec ce que ça comporte de technologies avancées, de technologies "funs", mais aussi, et c'est important, de savoir-faire, notamment en terme d'autonomie et d'efficience.
Reste que pour le moment ce Model Y n'est pas encore proposé dans une version de base comme le Model 3 propulsion, d'où un tarif qui débute tout juste sous les 60 000 €, et qui ne peut donc pas bénéficier du bonus maximal de 6000 €. On a quand même un bonus de 2000 €, à condition de ne pas prendre d'option, car au-delà de 60 000 €, il n'y a plus rien.
Mais le jour où la version deux roues motrices arrivera et viendra casser les prix, le rapport prix/équipements/performances devrait être encore plus attractif. Ce n'est pas pour rien qu'Elon Musk prévoit que son Model Y soit un jour la voiture électrique la plus vendue au monde !

Galerie: Essai Tesla Model Y Grande Autonomie (2021)
Tesla Model Y Grande Autonomie