Si la gamme Mercedes est toujours tentaculaire avec plus de 30 modèles disponibles, et encore sans compter les différentes versions pour certains modèles (ni All-Terrain, ni Maybach, ni AMG…), la part de véhicules électrique est en forte augmentation ces derniers mois.
Avec l’ambition de ne plus proposer de véhicules thermiques à l’horizon 2039, la firme à l’Etoile étend sa gamme EQ : EQC, EQA, EQB, EQE… Mais celle qui nous intéresse aujourd’hui, c’est l’EQS.
Après les SUV, Mercedes lance sa première berline de luxe 100 % électrique, laquelle a la ferme ambition de venir bousculer la Tesla Model S, bien au chaud et surtout seule sur son segment depuis 8 ans. Déjà ! Quel est donc ce vent de luxe que Mercedes veut faire souffler sur l’électrique ? Nous sommes partis essayer cette Mercedes EQS sur la route des Grands Crus, en entre Bourgogne et Champagne, entre Lyon et Reims.
Ceci n’est pas (qu')une Classe S électrique
On commence à en avoir l’habitude : les voitures électriques ont tendance à redessiner les voitures telles qu’on les connaissait jusqu’à maintenant. Les contraintes mécaniques sont moindres, ce qui permet de réduire notamment les porte-à-faux, de renvoyer les roues aux quatre coins, raccourcissant les capots, étirant la ligne de toit vers l’arrière pour optimiser l’espace intérieur… Et cette Mercedes EQS ne fait pas exception à la règle.
Ce qui frappe au premier coup d’oeil, c’est l’aspect lisse de la voiture. Monolithique. Oubliez les carrosseries tricorps. Oubliez aussi la Classe S dont cette EQS se veut être le pendant zéro émission. Et en dépit d’un pavillon qui file effectivement jusqu’aux feux arrière, sans laisser de place pour une malle de coffre, oubliez aussi le terme de "coupé" employé par Mercedes, et tellement à la mode depuis l’avènement des "coupés 4 portes" qui n’en sont pas.
Entièrement basée sur une nouvelle plateforme, cette Mercedes EQS redéfinit les codes du luxe chez Mercedes en y ajoutant l’identité visuelle des modèles badges EQ, à savoir cette calandre lisse dite "Black Panel", donc noire, qui se prolonge dans les feux, et la ligne horizontale à LED qui traverse l’arrière de part en part.
Il est amusant de noter que si la calandre est effectivement fermée, n’ayant plus besoin d’amener d’air à un éventuel moteur, le bouclier avant est ajouté et reprend les entrées d’air des modèles AMG. Il faut dire que notre EQS 450+ est effectivement en finition AMG Line. D’autres détails sont particulièrement intéressants, comme la transparence de la calandre qui laisse apparaitre de petites étoiles, les poignées de portes affleurantes qui se déploient automatiquement, ou encore les feux à LED dits "Digital Light", à matrice (trois LED dont la lumière est réfractée par 1,3 million de petits miroirs).
Trilogie d’écrans
Quand on est une Mercedes et que l’on porte la lettre "S", on n’a d’autre choix que d’être luxueux. Et cette EQS ne fait pas exception à la règle. Sauf que les matériaux de premier choix et les assemblages parfaits se conjuguent ici à la technologie, plus que jamais. Si bien qu’on est transporté quelques années en avant, ce qui fait ici aussi honneur à la Classe S, chaque génération ayant été à la pointe des technologies, de conduite comme celle de confort.
Passons rapidement sur les très beaux sièges en cuir de notre version d’essai, enveloppants et moelleux à souhait (et que dire de ces coussins de tête !!!) pour passer à ce qui attire l’oeil immédiatement : l’Hyperscreen MBUX.
Sous ce nom barbare se cache cette trilogie d’écrans regroupés sous une même dalle de 141 cm. Oui, un mètre et quarante et un centimètres. De gauche à droite on a l’instrumentation derrière le volant de 12,3 pouces, l’infodivertissement au centre de 17,7 pouces, et enfin un troisième écran devant le passager, lui aussi de 12,3 pouces.
D’ailleurs ce dernier n’est pas un gadget, il regroupe toutes les fonctions d’infodivertissement de la voiture, avec la gestion de la musique, la possibilité de regarder des vidéos (à l’arrêt) Il faut préciser que ce troisième écran ne s’allume que quand il détecte une personne sur le siège passager. Sinon, il affiche une image de fond d’écran, de petites étoiles Mercedes, un concept car Mercedes… Il s’avèrera très pratique quand votre passager souhaite rentrer une destination dans la navigation ou configurer les différentes recharges sur le trajet à venir, en choisissant les bornes par exemple.
Et puis si vous êtes seuls, cet écran sera votre meilleur allié lors des recharges aux bornes Ionity par exemple.
Précisons que si les écrans d’instrumentation ou d’infodivertissement regorgent de fonctions et peuvent être personnalisés comme on veut, ils restent relativement faciles à utiliser. En tout cas l’interface utilisateur MBUX, remaniée ici, reste vraiment l’une des plus intuitives qui soit.
Laissons la technologie de côté pour nous intéresser à l’espace intérieur : il est royal. Aux places arrière aussi. Et que dire du coffre, qui sous le hayon propose 610 litres, et peux aller jusque’à un immense 1770 litres une fois les sièges arrière rabattus.
Conduire ou se laisser conduire ?
Venons-en à l’aspect "mécanique" et à la conduite. La Mercedes EQS se dote d’une batterie de 107,5 kWh, l’une des plus puissantes du marché, et ce quelle que soit la version. En l’occurrence au catalogue on trouve les versions 450+ et 580 4MATIC, développant respectivement 333 et 523 chevaux. En revanche pour l’autonomie maximale annoncée par Mercedes, à savoir 780 km, il faudra opter pour la version la moins puissante. C’est justement celle-là que nous avons essayée.
À l’intérieur, le silence règne. On apprécie dès les premières manoeuvres d’avoir les roues arrière directrices, permettant à cette longue berline de plus de 5,20 mètres de tourner dans un mouchoir de poche. Plus court qu’une Classe A en tout cas ! Les suspensions à air ajoutent encore au confort et permettent de se jouer des dos d’âne comme s’ils avaient une taille règlementaire…
Niveau puissance, les 333 chevaux de notre EQS ne sont pas de trop pour propulser les 2,5 tonnes de la voiture. Eco, Confort, Sport, on passe d’un mode à l’autre selon que l’on est en ville, qu’on a besoin d’un peu de puissance pour doubler ou que l’on veut « envoyer » un peu dans une série de virages. Même pour ça l’EQS se prête au jeu mais attention à toujours rester près de la pédale de frein à la course longue et qu’il faut écraser pour couper court à l’inertie de la voiture, ou à l’arrière (c’est une propulsion) que l’on sent très légèrement décrocher sur une route grasse et humide.
L’EQS sait sortir de ses gonds, mais franchement, dans un tel luxe, on a surtout envie de se laisser conduire. Et ça tombe bien car la limousine embarque des technologies d’aide à la conduite et même autonomes de dernier cri. Niveau 3, c’est à dire que la voiture est prête à conduire toute seule, même si cela n’est pas encore permis. Alors va pour le niveau 2.
On trouve rapidement grâce aux raccourcis sur la console centrale le menu nous permettant d’accéder aux fonctions de conduite de la voiture. On enclenche le système Distronic, un assistant de régulation de distance, comprenez par là que la voiture va moduler seule la vitesse en fonction des véhicules qui précèdent, des limitations de vitesse mais aussi des virages. La voiture lit à la fois les panneaux et se base sur votre itinéraire rentré sur le GPS.
Alors bien sûr il faut garder en permanence les mains sur le volant, la détection des mains dessus est d’ailleurs sensible et bien mieux calibrée que chez d’autres constructeurs, et le pieds droit proche du frein au cas où, mais pour en avoir fait l’expérience, la voiture gère très bien toute seule la vitesse, ralentit en virage, se relance à la limitation de vitesse…Et la direction également tourne seule.
Le système est très performant, sans doute l’un des plus pointus actuellement. Et jamais nous n’aurons eu, ni sur autoroute, ni sur routes secondaires, de frayeurs ou de mauvaise surprise. Mais une fois encore, il faut toujours rester vigilant !
En tout cas c’est peut-être là la meilleure manière d’apprécier cette EQS, comme si vous aviez un chauffeur virtuel, mais vous êtes au volant. On enchaîne les kilomètres sans s’en apercevoir.
Vers 200 kW et au-delà
L’EQS 450+ peut se recharger jusqu’à du 200 kW. Sur une borne Ionity par exemple (une année de recharge est offerte avec l’EQS). Ce qui veut dire qu’au mieux, on peut recharger de 10% à 80 % en 31 minutes. Mais on sait ce que c’est, entre ce que dit la fiche technique et la réalité… Sans parler de la borne ! C’est pour ça qu’on a voulu tester. Alors direction la station Ionity de l’aire de Gueux, sur l’A4.
Après un trajet de plus de 150 km essentiellement sur autoroute, nous arrivons avec 7% d’autonomie, soit seulement un petit pour-cent en dessous de ce que nous affichait l’ordinateur de bord au départ de notre périple. On branche, on badge, et c’est parti pour la charge. Même si c’est de moins en moins le cas, on le sait, sur les bornes Ionity, c’est un peu la loterie. Mais là, on atteint les 200 kW au bout d’1 minutes 33 secondes de charge. C’est le maximum que prend normalement cette Mercedes EQS. Mais là, ça continue de grimper ! 201, 202 au bout de 2min25, 203, 204, 205 au bout de 4min39… Résultat, on se retrouve à 208 kW au bout de 8 minutes !
Évidemment ça rabaisse ensuite : 170 après 15 minutes, 137 au bout de 20 minutes, encore 115 kW au bout de 30 minutes… À ce rythme là, on aura récupéré 70% de charge de la batterie en 30 minutes, soit 81,966 kWh. Les 70 % récupérés en une demie heure promis par Mercedes sont bien là !!
Dernier petit mot sur la consommation : annoncée pour un peu moins de 20 kWh aux 100 km/h, nous aurons régulièrement tourné lors de notre essai à 22 ou 23 kWh, sans jouer particulièrement le jeu de l’éco-conduite.
Consommations relevées
Trajet 1 | Trajet 2 | |
Conditions météo | 7 à 9°C / Fin de nuit | 7 à 9°C / Fin de nuit |
Types de routes | Nationales et un peu d'autoroute | Majoritairement autoroute |
Nb de kilomètres | 283 km | 222 km |
Temps | 5:49 h | 2:42 h |
Vitesse moyenne | 49 km/h | 82 km/h |
Consommation | 21,6 kWh | 24,6 kWh |
CONCLUSION
S’il en fallait une nouvelle preuve, l’électrique se marie parfaitement avec le luxe car il ajoute au cocon ouaté que l’on attend le silence. Cette nouvelle Mercedes EQS en est un parfait exemple, emmenant le concept de limousine dans un monde post-thermique où la technologie de pointe règne.
Reste maintenant à franchir le pas du prix : comptez à partir de 127 250 € pour notre EQS 450+ avec son autonomie de 780 km, ou au-delà des 150 000 € pour l’EQS 580 4MATIC. Mercedes ne cache pas qu’à ces tarifs, ce sont surtout des chefs d’entreprise ou des flottes qui s’achèteront la voiture. On est bien au-dessus des tarifs pratiqués par Tesla pour sa Model S, la version la plus chère étant peu ou prou au prix de la moins chère des EQS. C'est aussi là que se joue la différence entre le premium chez l'un, et le vrai luxe chez l'autre.
Et puis si Mercedes la bataille du prix face à la Tesla, elle gagne celle, et non des moindres, de l'autonomie !
Galerie: Essai Mercedes EQS
Mercedes-Benz EQS 450+ AMG Line