L'offensive électrique du groupe Volkswagen continue ! Et après VW, Audi et Porsche, c'est au tour de la discrète Skoda de lancer sur nos route l'Enyaq iV. "Discrète" parce qu'étonnamment, le constructeur tchèque reste en 17e position des ventes en France. Alors qu'il est 7e en Europe. Et qu'il est même respectivement 5e et 4e chez nos voisins belges et suisses.
Pourtant à chaque nouveau modèle, Skoda nous offre des prestations de plus en plus convaincantes, mais un défaut d'image perdure dans notre Hexagone où les constructeurs nationaux jouent aux avant-postes. Alors quels sont les arguments du cousin direct des Volkswagen ID.4 et Audi Q4 e-tron ? Risque-t-il de bousculer le marché des SUV électriques ? Nous avons pris le volant du Skoda Enyaq iV 80.
Une vraie personnalité
Entre les photos que l'on voit dans les médias et la réalité, il est parfois difficile de se faire une idée du physique ou de la taille d'une voiture. Et il faut bien avouer que nous n'avions pas imaginé ce Skoda Enyaq iV aussi grand ! Il est pourtant basé sur la même plateforme MEB que son cousin ID.4, mais ce dernier joue sur des formes arrondies. Alors que l'Enyaq a lignes tranchantes, un regard froncé, une calandre béante et des jantes immenses. Ses lignes sculptées donnent à cet Enyaq une vraie présence visuellement.


Les dimensions sont également généreuses : avec 4,65 m de long et 1,88 m de large, il est respectivement 7 cm et 3 cm plus long et large que le VW ID.4. Mais affiche la même hauteur de 1,61 m, et le même empattement de 2,76m. Pour le situer dans la gamme Skoda, face aux autres SUV, thermiques, il est plus Kodiaq (4,69 m) que Karoq 4 (4,38 m) !

Notre version d'essai, en dépit d'une teinte Gris Arctic (635 €, la peinture de base étant un bleu uni) plutôt discrète, ne passe pas inaperçu avec ses très belles jantes de 21 pouces anthracites (option à 1350 €). Et encore, nous n'avions pas ce que Skoda appelle sa Crystal Face, une calandre transparente avec 131 LED intégrées, en option. En revanche, notre modèle 80 est très bien équipé avec les phares Matrix LED (de série dès 60) ou encore les feux arrière LED à défilement.
Classique, mais réussi !
Place maintenant à l'intérieur de cet Enyaq iV. Et plutôt que de parler de finitions, Skoda parle de "Design Intérieur", qui se décline en plusieurs ambiances : Lodge, Lounge, Suite, Loft, Studio... Là encore notre modèle d'essai est très bien équipé avec le design ecoSuite à 1565 €. Et il faut bien avouer que c'est très réussi !
Avec la sellerie couleur cognac (cuir tanné de manière écologique) et le tableau de bord en similicuir avec surpiqûres, on se croit véritablement dans du premium. Alors certes les boutons et autres molettes, sur le volant par exemple, sont en plastique façon chrome, et pas en alu, mais visuellement, certains détails pourraient se rapprocher de ce qui se fait chez Bentley !

L'écosystème numérique quant à lui est repris du cousin ID.4, avec un petit écran d'instrumentation derrière le volant scindé en trois tuiles que l'on peut agrandir selon l'information de conduite que l'on veut privilégier. C'est simple, lisible, et pas trop divertissant. D'autant que l'affichage tête haute en 3D vient en renfort en affichant les infos directement sur le pare-brise. L'écran central s'est lui aussi montré assez facile d'utilisation, lisible, avec un tactile très réactif.

Puisqu'on est à l'intérieur, parlons de l'espace à bord : et Skoda ne faillit pas à sa réputation avec un espace royal, notamment aux places arrière. Et puis le plancher est plat, même à la place centrale. Quant au coffre, par rapport à l'ID.4, il bénéficie évidemment du gabarit un peu plus grand de l'Enyaq, avec un volume qui va de 585 à 1710 litres. Ce qu'il y a de mieux dans la catégorie !

Bel agrément au volant
S'il y a autant d'espace intérieur, c'est une fois de plus que le gabarit est imposant. Et il faut bien avouer que les premiers tours de roues au volant, dans un parking de gare, nous a donné quelques sueurs froides. Surtout en nous sachant chaussé de jantes de 21 pouces. Mais finalement le gabarit sera vite intégré.
Dans la version 80 de notre essai, le Skoda Enyaq embarque la batterie de 77 kWh (nette) dont la puissance est de 204 chevaux, sur les roues arrière. Le couple atteint 310 Nm. Le 0 à 100 km/h est annoncé en 8,6 secondes, ce qui est en rapport avec le poids de plus de 2 tonnes. Avec une telle fiche technique, que ce soit les dimensions ou la motorisation, on ne peut pas s'attendre à ce que cet Enyaq iV 80 soit particulièrement dynamique. Le confort à bord, le silence et le gabarit invitent davantage à une conduite relaxe.

Mais les batteries logées dans le plancher abaissant le centre de gravité aident à assoir ce gros bébé sur la route, même dans les virages, la suspension avec amortissement piloté elle filtre bien les irrégularités de la route (même si des jantes de plus petit diamètre aideront à mieux filtrer). Les accélérations ne sont pas foudroyantes, même suffisantes et satisfaisantes pour un SUV de cette taille. On peut malgré tout choisir entre plusieurs modes de conduite, même si dans les faits, les différences ne sont pas flagrantes.

Grosse batterie, grosse autonomie ?
Un petit mot sur la préoccupation première des acheteurs de voiture électrique : l'autonomie. Et s'il y en a pour tous les goûts dans la gamme Enyaq, de 355 km sur la version 50 à 537 km sur la version 80, en passant par 413 km et 460 km pour les versions 60 et 80x et RS.
Comme déjà expliqué plus haut, nous essayons pour ce premier contact avec l'Enyaq iV la version 80, donc la mieux dotée en autonomie. Si notre du jour ne nous permettra pas de tester l'autonomie maximale, il nous fera passer par de la route, de l'autoroute et de la ville. Sans oublier une recharge par une borne Ionity.

Sur route, l'ordinateur de bord de notre Enyaq nous a affiché une consommation autour de 19/20 kWh/100 km pour une vitesse moyenne de 50 km/h. Évidemment la consommation s'en envolée sur autoroute, à 26 kWh/100 km. Mais sur l'ensemble de notre voyage, l'Enyaq ne dépassera pas 21 kWh aux 100 km. Ce qui nous rapproche d'une autonomie autour de 400 km, plutôt que les 537 km annoncés dans les chiffres officiels WLTP. Ce qui pour un gros engin comme ça, n'est pas mal non plus !
Un mot sur la recharge qui accepte de série 50 kW en courant continu. C'est plutôt limité, donc mieux vaut opter pour l'option à 525 € permettant de passer à une recharge à 125 kW. De quoi recharger sur une borne Ionity par exemple et passer de 20 à 80 % en 25 minutes. Et une prochaine mise à jour permettra d'augmenter encore la puissance de recharge.

Conclusion
Aussi proches soient-ils, nous avons été beaucoup plus convaincus par ce Skoda Enyaq que par son cousin Volkswagen ID.4. C'est peut-être avant tout une histoire de goût, la présentation plus classique, qui tombe moins dans le cliché de la voiture futuriste, nous ayant davantage séduit. Mais son volume de coffre, sa présentation intérieure et son touché de route ont également fait pencher la balance en la faveur du SUV tchèque.
Dans les faits, le Volkswagen, à motorisation équivalente, est un peu moins cher. Avec cette même batterie de 77 kWh, l'ID.4 (Pro Performance) est proposé à partir de 47'500 €. Contre 47'770 € pour l'Enyaq iV 80. Sauf que ce dernier est quand même mieux équipé, et propose un plus grand volume de chargement. Donc finalement, là aussi l'Enyaq iV gagne un point de plus.
Points positifs | Points négatifs |
---|---|
Présentation intérieure | Poids |
Confort et comportement routier | Consommation |
Volume de chargement et espace à bord | Prix face à la concurrence |
Galerie: Skoda Enyaq iV (2021) à l'essai (M1 Allemagne)
Skoda Enyaq iV 80