Il y a seize ans, Dacia est arrivé en Europe avec la volonté de proposer des voitures bon marché et répondant aux principaux besoins des clients. Une recette qui fonctionne depuis bientôt deux décennies et qui n'est pas prête de s'essouffler, car même si l'année 2020, comme pour la majorité des constructeurs, fut compliquée ( -30,1 % à 97'170 unités en France en 2020), il y a de bonnes raisons de croire à une année 2021 prolifique.
Les raisons sont d'ailleurs multiples, avec notamment la première année pleine de commercialisation pour la nouvelle génération de Dacia Sandero (à partir de 8890 euros) et le restylage du Dacia Duster, qui aura le droit à un petit coup de jeune d'ici quelques mois, tout en conservant ses prix imbattables (à partir de 12'490 euros). Et dans ce lot de nouveautés, il y a aussi la Spring, dont les premières livraisons interviendront, pour les particuliers, au début de l'automne prochain.
Les pré-commandes ouvriront au mois de juin prochain. Il y a d'ailleurs quelques avantages à pré-commander une Dacia Spring. En y laissant une empreinte de carte bancaire de 500 euros, vous aurez le droit à un badge de recharge offert si vous pré-commandez une version "Confort" et ce même badge, plus environ 2000 kilomètres de charge en cadeau (soit environ 100 euros d'électricité), si vous optez pour la version "Confort Plus". Pour plus d'informations, la structure de gamme et les prix sont à retrouver en suivant ce lien.

Une citadine qui se prend pour un SUV
Comme vous n'êtes sûrement pas sans le savoir, plus de 40 % des voitures vendues neuves en France et en Europe sont des SUV. Une véritable poule aux œufs d'or pour les constructeurs, qui comptent bien surfer sur cette tendance, même sur des segments qui ne s'y prêtent pas forcément. De ce fait, cette Dacia Spring, malgré ses 3,73 mètres de long (dont 2,52 mètres d'empattement) et sa largeur quasiment similaire à sa hauteur (1,58 mètre de large pour 1,52 mètre de haut), se prend pour une petite baroudeuse, notamment avec sa garde au sol assez conséquente de 15,1 centimètres.
Lors de notre essai, nous avons eu le droit à des versions "Business", c'est-à-dire des modèles réservés aux professionnels et aux services d'auto-partage. Comme en témoignent les photos, ces véhicules sont assez austères dans leur configuration, mais les particuliers auront plus de choix et plus de couleurs avec les finitions qui leur sont dédiées et citées plus haut.


Aller à l'essentiel
C'est le leitmotiv de la marque : supprimer tout ce qu'il y a de superflu pour contenir les prix. Quand on pénètre dans l'habitacle, effectivement, il n'y a pas de superflu même si l'intérieur n'est pas non plus totalement dépouillé. Disons qu'il y a tout ce qu'il faut, de série ou non, tout dépendra des finitions.

Notre version d'essai est dotée de la climatisation, de six airbags, des vitres électriques, d'un système d'infodivertissement très simple mais complet sur un écran tactile de sept pouces (Apple CarPlay et Android Auto), ou encore le bouton de commande vocale au volant qui convoque Siri sur iPhone ou l’assistant Google sur Android. En terme de connectivité, la Dacia Spring est loin d'être ridicule avec l'application gratuite "MyDacia", qui permet de gérer à distance le chauffage, la recharge ou la localisation de la voiture.


La planche de bord rappelle les anciennes Dacia et non pas les nouvelles, c'est un peu dommage, mais ce n'est pas non plus catastrophique. L'esprit low-cost domine avec des matériaux rigides, des aérateurs circulaires, des boutons de lève-vitres placés sur la console centrale, ou encore un seul et unique balai d’essuie-glace. L'agrément au quotidien est néanmoins convenable, l'ergonomie est au rendez-vous et, surtout, il y a beaucoup de rangements avec 23,1 litres de contenance rien qu'à l'avant.


Sans transition, cela nous amène à l'arrière avec deux vraies places et non pas trois demi-places. Les passagers au rang 2 auront suffisamment d'espace pour une voiture de moins de quatre mètres de long, mais ils pesteront sûrement, comme les passagers avant, contre la dureté des assises. Concernant le coffre, sa capacité est correcte avec 290 litres, et jusqu'à 620 litres une fois la banquette arrière monobloc rabattue. Une version "Cargo" sera proposée aussi ultérieurement pour les professionnels avec une banquette arrière qui disparaît au profit du volume du coffre.


L'autonomie, la batterie et la recharge
Avec sa petite batterie lithium-ion de 27,4 kWh, la Dacia Spring revendique 230 kilomètres d’autonomie en cycle mixte WLTP. Cela se situe entre une Renaut Twingo Electric (22 kWh et 190 kilomètres), une Volkswagen e-up! (36,8 kWh et 260 kilomètres). Ce rayon d'action peut sembler juste pour une utilisation polyvalente, et c'est le cas, mais Dacia en est bien conscient et ce modèle sera, dans la majorité des cas, vendue comme une seconde voiture.
Cette autonomie satisfait globalement la marque, qui précise d'ailleurs que les trajets quotidiens pour une citadine en Europe sont de 31 kilomètres. En usage purement urbain, l'autonomie grimpe à plus de 300 kilomètres. Reste à savoir comment comptez vous recharger la voiture, mais, globalement, compte tenu de la batterie, les temps de charge ne sont pas décourageants.
- 0 à 100 % en 13h30 sur prise domestique classique 2,3 kW ;
- 0 à 100 % en 8h30 sur prise renforcée Green'Up ou Wallbox 3,7 kW ;
- 0 à 100 % en 4h50 sur Wallbox 7,4 kW ;
- 0 à 100 % en 1h30 sur borne rapide DC 30 kW.
Concernant les branchements, le câble pour prise domestique est livré de série, tandis que celui pour Wallbox ou borne publique est facturé 250 euros. Il faudra ajouter 600 euros pour le chargeur DC et une recharge "rapide". Pour l'heure, ce chargeur est uniquement réservé à la finition "Confort Plus".

Une voiture internationale
Bien qu'elle soit vendue uniquement en Europe, la Dacia Spring est le fruit de quelques synergies au sein de l'Alliance. La Spring récupère ainsi la plateforme CMFA de la Renault K-ZE, une citadine vendue en Chine depuis 2019, elle-même issue de la Renault Kwid, un modèle thermique réservé aux marchés indien et brésilien. Même si la Dacia Spring possède des attributs bien à elle, elle est fabriquée au sein de la même usine chinoise que la K-ZE.
Avec son moteur électrique de 44 chevaux et 125 Nm, la Dacia Spring n'a pas grand-chose à voir avec les quadricycles que sont les Citroën Ami et autres Renault Twizy. Les performances sont évidemment en accord avec les présentations de la voiture, le 0 à 100 km/h est annoncé en 19,1 secondes, la vitesse maximale est de 125 km/h et les reprises de 80 à 120 km/h réclament... 26,2 secondes.


Au volant de la Dacia Spring
Assise haute, volant bas, pas de doute, nous sommes bien dans une voiture électrique du groupe Renault. Pour d'évidentes raisons de coûts, la colonne de direction et le réglage en hauteur du siège ne sont pas disponibles. La position n'est pas optimale pour les grands, mais qu'à cela ne tienne, au moins nous n'avons pas le volant dans les genoux. Comme énoncé plus haut, les assises sont très fermes, mais Dacia nous l'assure, les versions vendues aux particuliers auront le droit à des sièges plus moelleux.
Après un tour de clé dans le Neiman, à l'ancienne, les premiers tours de roue sont surprenants, avec une voiture plutôt vive de 0 à 50 km/h. Il faut dire qu'avec seulement 970 kilos à vide, notre Spring fait office de poids plume dans la catégorie des voitures électriques. En ville, la Spring est plutôt agile avec un rayon de braquage de seulement 4,80 mètres, une direction assez douce, des suspensions pas trop fermes et une visibilité très correcte.
La Dacia Spring est dotée d'un mode "Eco" permettant de gagner 9 à 10 % d'autonomie supplémentaire en bridant la puissance du moteur à 31 chevaux et la vitesse maximale à 100 km/h. Malheureusement, c'est un peu trop faible à trop goût, d'autant plus que notre parcours d'essai était composé de quelques portions de voies rapides. Un peu trop rapides d'ailleurs pour notre Spring, qui n'est pas un foudre de guerre sur les mises en vitesse au-delà de 50 km/h.

Sur le réseau secondaire, la Dacia Spring nous rappelle d'excellents souvenirs. Ceux des voitures d'il y a une vingtaine d'années avec des sensations de conduite très "prononcées". À vive allure et sur des routes un peu bosselées, il faudra bien tenir le volant des deux mains et parfois savoir lever le pied quand il le faudra, le châssis n'étant pas un exemple de rigueur.
Les pneumatiques chinois Linglong offrent, qui plus est, une adhérence assez moyenne, ce qui nous ravira à certains moments avec un train arrière légèrement joueur à l'inscription au freinage. Cette Dacia Spring peut devenir rudement amusante en la cravachant un peu. C'est aussi la conséquence de la disposition du moteur, très bas, et de la batterie, placée sous la banquette arrière, qui permet à la Spring d'avoir un centre de gravité plus bas que la moyenne de sa catégorie.
Mais ce ne sera sans doute pas l'utilisation principale des clients, qui chercheront davantage une voiture sécurisante et en aucun cas dangereuse. La Dacia Spring ne l'est sûrement pas, dangereuse, puisque, d'une manière générale, la puissance du moteur bride tout excès d'adrénaline. Sur les petites routes, nous qualifierons la Spring de "rigolote". Un peu moins sur les grands axes, notamment sur les voies rapides, où sa prise au vent est, comme sur la Renault Twingo, un peu trop marquée.
Sans compter que ce type de trajet est énergivore, comme pour toutes les voitures électriques, avec environ 23 kWh/100 kilomètres relevés à 125 km/h, soit environ 120 kilomètres d'autonomie à ce rythme. À allure conventionnelle, entre réseau urbain et secondaire, nous avons relevé environ 13 kWh/100 kilomètres, soit un peu plus de 200 kilomètres avec une seule charge, ce qui nous semble honnête.


À quels prix ?
Vient alors le chapitre le plus important pour une Dacia : les tarifs. Dacia annonce que la Spring est la voiture électrique la plus abordable d'Europe et s'affiche, en France, à partir de 12'403 euros, une fois le bonus de 4587 euros déduit, et non pas de 7000 euros, car le bonus maximum est aussi limité à 27 % du prix d'achat de la voiture. Il s'agit là du prix pour la version "Confort". Le modèle"Confort Plus" s'échange contre 13'498 euros, bonus déduit.
La version présentée en photo est un modèle "Business" et disponible dès le mois de mars pour les services d'auto-partage. Il s'affiche à partir de 16'890 euros, hors bonus. Dacia nous a également précisé qu'une version sous les 10'000 euros, bonus déduit, et pour les particuliers, était aussi en préparation.
Pour les allergiques à l'achat au comptant, la firme roumaine propose évidemment des formules de location longue durée à partir de 89 euros par mois pour quatre ans et 40'000 kilomètres, le premier loyer étant absorbé par le bonus écologique et la prime à la conversion de 2500 euros pour la mise au rebut d'un ancien véhicule. Sans la prime à la conversion, mais toujours sans apport, la mensualité grimpe à 145 euros par mois.

Le mot de la fin
Moins polyvalente qu'une Renault Zoé, et même qu'une Twingo Electric, la Dacia Spring est autrement plus amusante à conduire et surtout rudement moins chère à l'achat, environ 3000 euros de moins que la Twingo Electric premier prix, et quasiment deux fois moins onéreuse qu'une Zoé.
La Spring sera une excellente seconde voiture, pour de brefs trajets du quotidien, et même un peu plus si affinité. Reste à savoir si le public va y adhérer, d'autant plus qu'une Sandero, légèrement moins chère, plus polyvalente et mieux finie, devrait certainement amener les clients à se poser des questions quant à l'intérêt de passer au tout électrique.
Points positifs | Points négatifs |
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Comportement routier amusant | Insonorisation assez moyenne |
Dotation de série très convenable | Pas de banquette arrière fractionnée |
Prix imbattable | Reprises au-dessus de 50 km/h |
Galerie: Essai Dacia Spring (2021)
Dacia Spring