Il y a plusieurs années, j'essayais la Tesla Model S. Depuis, et même si cela ne se voit pas, ce modèle a beaucoup évolué. C'est en tout cas ce qu'annonce son constructeur, Tesla, qui ne prévoit toujours pas de le remplacer par une seconde génération. La Model S, lancée en 2012, restera au catalogue pendant un bon bout de temps encore, mais alors, pourquoi l'essayer une seconde fois ?
Eh bien, la réponse est toute simple, car depuis ses premiers mois de carrière, la Tesla Model S a évolué. Tesla précise même que sa voiture a changé à plus de 70% par rapport aux premières versions. Ah bon ? C'est ce que nous allons vérifier tout au long de cet essai.
La même, en mieux
Bien sûr, le design de la Tesla Model S n'a pas changé, il est le même depuis le début, même si le restylage apparu en 2016 améliore quelque peu le visage de la belle berline. Toutefois, et comme vous le savez sans doute, la Tesla Model S est une voiture connectée. Contrairement à ce que nous avons toujours eu l'habitude de voir dans l'industrie automobile, c'est une voiture qui est en perpétuelle évolution grâce aux nombreuses mises à jour qu'elle reçoit à distance.
En effet, si vous avez acheté une Tesla Model S en 2015 par exemple, elle n'est plus vraiment la même aujourd'hui. À travers ces "updates", la voiture reçoit de nouvelles fonctionnalités comme avec la mise à jour 10 qui apporte les célèbres Netflix et YouTube, ainsi que des jeux plutôt amusants comme Cuphead. Entre-temps, Tesla a amélioré les performances, l'autonomie et bien d'autres paramètres pour que la Model S vive avec son temps.
C'est inédit dans l'industrie automobile, et il est probable que d'autres constructeurs fassent de même. Le cycle de renouvellement des modèles (et de leur restylage) pourrait bien changer, seul l'avenir nous le dira.
En m'installant à bord de la Tesla Model S Grande Autonomie, je n'ai pas été dépaysé. L'habitacle est toujours le même avec cet énorme écran de 17 pouces posé sur la console centrale ainsi que ce superbe tableau de bord numérique. Cet intérieur n'a pas pris une ride, sauf le volant, que je trouve dépassé et peu qualitatif au toucher. Les finitions et les assemblages sont corrects, mais Tesla pourrait faire bien mieux, surtout si l'on compare à ce qui se fait chez la concurrence.
La Tesla Model S est une voiture à bord de laquelle on se sent bien, elle nous invite au voyage.
Les interfaces des écrans ont changé, les menus sont plus nombreux, et il m'a fallu plusieurs minutes avant que je ne sois parfaitement à l'aise avec cet environnement hyper-numérique. Ceci dit, Tesla a pensé à tout, et finalement la partie info-divertissement est intuitive, fluide, et ultra-agréable à utiliser. La Tesla Model S est une voiture à bord de laquelle on se sent bien, elle nous invite au voyage, chose que nous allons tout de suite faire.
La dévoreuse (électrique) de route
Au total, j'ai parcouru plus de 1000 km avec cette Model S, et s'il m'était possible d'en faire davantage, je l'aurais fait volontiers. C'est une voiture très douce à conduire, et encore plus qu'avant. Tesla dit avoir changé les roulements ainsi que la suspension adaptative qui est d'une très bonne qualité. Sur autoroute, la voiture est ce que l'on appelle un "tapis roulant". Elle donne vraiment l'impression de survoler la route. Sur petite route, en enchaînant les épingles une à une, la voiture se comporte très bien malgré son embonpoint.
Le comportement routier de la Tesla Model S est toujours aussi exemplaire, et même plus qu'avant, quel plaisir d'enquiller les kilomètres à bord de ce vaisseau. En plus de la suspension, il est possible de régler la dureté de la direction en optant ou non pour le mode sport. Dans ce cas, et sur des petites routes, la direction devient plus ferme et le ressenti moins artificiel qu'en mode confort.
La Model S a deux personnalités qui cohabitent plutôt bien. Elle peut aussi bien vous transporter le matin en silence pour aller chercher votre baguette de pain en toute tranquillité, et le reste de la journée, vous propulser de 0 à 100 km/h en 3,8 secondes (version Grande Autonomie) jusqu'à faire rougir une brochette de sportives. C'est cette antinomie qui me plaît le plus sur la Tesla Model S, elle est bonne à tout faire, un point c'est tout.
La recharge, est-ce encore une hantise ?
Qui dit voiture électrique, dit recharge, et là encore, j'ai relevé quelques différences par rapport à mon essai précédent. Tout d'abord, la voiture est plus endurante, c'est un fait. Tesla annonce une autonomie selon la procédure WLTP de 610 km. Dans les faits, et sur un parcours mixte, l'autonomie oscille aux alentours de 500 km. Comme vous n'êtes pas sans le savoir, sur les grandes portions, la consommation en électricité est plus élevée qu'en centre-ville par exemple.
Sur autoroute, en ayant la climatisation activée, mon téléphone branché et une conduite normale, j'ai relevé une consommation moyenne de 22 kWh/100 km. Sur un trajet mixte, la consommation tourne plutôt autour 16 kWh/100 km. Avec sa batterie de 100 kWh, et une autonomie réelle d'environ 500 km, la recharge n'est plus vraiment problématique.
En augmentant l'autonomie de ses véhicules, Tesla permet à ses clients de lever le frein de la recharge. Aussi loin que je me souvienne, c'était ma hantise. Lors de mon premier essai, je ne faisais que regarder le pourcentage de batterie restant, et je passais en effet plus de temps à l'arrêt pour "faire le plein". Avec cette "nouvelle" Model S Grande Autonomie, c'est tout le contraire, bien qu'il faille de temps à autre brancher sa voiture à une prise électrique.
Sur autoroute, le réseau des Superchargers est bien étendu sur l'ensemble du territoire. En partant de Paris et en roulant en direction du sud de la France pendant plusieurs jours, je n'ai eu aucun mal à recharger mon véhicule d'essai. J'ai effectué l'ensemble des trajets que je souhaitais sans limiter mes déplacements "parce que c'est un véhicule électrique" et tout s'est bien déroulé. De plus, je remarque que le temps de charge est plus court, les Superchargers rechargeraient-ils plus rapidement (j'ai relevé une puissance de 115 kW au branchement de la prise) ?
Souvent, il ne m'a fallu qu'une dizaine voire une quinzaine de minutes d'arrêt pour récupérer assez d'énergie afin d'atteindre ma destination finale. D'ailleurs, il est vivement conseillé d'entrer régulièrement sa destination GPS car la voiture est en mesure de planifier votre trajet et de vous indiquer les arrêts à effectuer ou non (plus le temps nécessaire) pour arriver à bon port avec un niveau d'autonomie correct.
Un soir, par curiosité, et alors que la batterie était chargée à 78%, j'ai branché la Model S à une prise domestique 220 V. La puissance de la recharge ne dépassait guère les 3 kW. Cela dit, et après une bonne nuit de sommeil, la voiture était presque entièrement rechargée (97%).
Nette évolution
Autre point, le freinage que je trouve beaucoup mieux. Auparavant, la pédale était spongieuse et il fallait sauter avec les deux pieds pour freiner le bébé de plus de deux tonnes. Avec cette version améliorée, le freinage est nettement mieux et le ressenti plus naturel. De plus, Tesla a amélioré son système de freinage régénératif. Nul besoin d'appuyer sur la pédale de frein, en levant simplement le pied de l'accélérateur, la voiture ralentit toute seule pour récupérer un maximum d'énergie. Cela fonctionne très bien, surtout sur des portions descendantes d'un relief où on arrive en fin de trajet avec plus d'autonomie qu'au départ.
Petite déception toutefois de l'autopilot que j'ai trouvé moins fluide. Il semble beaucoup plus en alerte, il se mélange les pinceaux plus souvent que lors de ma précédente expérience et refuse par exemple de changer de fil sur autoroute même en l'absence d'autres voitures (mon véhicule d'essai était équipé de l'option capacité de conduite entièrement autonome à 7500 euros).
Il se révèle toutefois d'une grande utilité dans les bouchons, en l'activant, on se débarrasse de la corvée que de freiner et d'accélérer plusieurs fois pendant de longues minutes. La voiture le fait toute seule, c'est ça le luxe ! Attention tout de même à garder les mains sur le volant, car dans les cas contraire, la voiture vous rappellera vite à l'ordre.
De plus, à l'approche d'une intersection ou d'une voie d'insertion sur autoroute, la voiture ne voit pas en amont les véhicules qui tentent tant bien que mal d'entrer dans le flux de circulation. Elle continue d'avancer jusqu'à freiner brusquement, voilà pourquoi il faut toujours rester vigilant, l'autopilot est une aide à la conduite et non un système de conduite autonome.
Galerie: Essai Tesla Model S Grande Autonomie
Tesla Model S Grande Autonomie