À son lancement en 2009, le Kia Soul est apparu comme une proposition particulièrement originale sur le segment B. Entre ses lignes décalées et son positionnement un peu curieux, à mi-chemin entre le break et le crossover, ce véhicule s'éloignait franchement du conservatisme d'autres productions Kia dont nous tairons le nom. La deuxième génération a ajouté à l'originalité esthétique une certaine forme d'audace technique, puisqu'elle fut déclinée dans une version 100% électrique, à une époque où les voitures "0 émission" n'étaient pas si répandues. Présentée en 2018, la troisième génération s'inscrit dans la continuité de ses devancières sur le plan du style, avec un look toujours aussi décalé, voire même un peu plus encore. Elle se positionne de façon encore plus originale sur le marché avec, en Europe, l'abandon total des motorisations thermiques (maintenues sur d'autres marché).

En consultant le configurateur de Kia, vous verrez que la voiture se nomme officiellement e-Soul, et surtout que la gamme comprend deux versions : une de 136 ch pourvue d'une batterie de 39,2 kWh, et une de 204 ch pourvue d'une batterie de 64 kWh. D'après le constructeur, les clients choisiront très majoritairement l'e-Soul de 64 kWh, plus coûteux mais aussi bien plus performant. Comme le hasard fait bien les choses, c'est ce modèle que nous avons pu essayer pour notre premier essai.
Original à l'extérieur, moins à l'intérieur
Bien qu'il évoque immédiatement le modèle qu'il remplace, cet e-Soul apporte quelques nouveautés en matière de style. Les parties avant et arrière ont par exemple gagné en caractère grâce à une signature lumineuse plus complexe. Les flancs ont aussi été retravaillés mais la silhouette demeure familière. Le montant de custode est découpé différemment et doté d'un nouvel élément en plastique noir créant une impression de pavillon flottant.


Elle aussi nouvelle, la planche de bord est, en revanche, moins intéressante. Son dessin n'est pas désagréable mais pas très original non plus, et l'omniprésence de plastiques noirs rend l'atmosphère à bord un peu tristounette. Le véhicule est néanmoins doté d'un éclairage d'ambiance apportant une touche de fantaisie, avec des variations corrélées à la musique écoutée. Le système audio Harman Kardon produit un son de qualité mais ne mérite peut-être pas toutes les éloges que lui réserve Kia. La qualité des matériaux employés et les assemblages n'appellent pas de commentaire négatif particulier.
Les batteries logées sous le plancher ont permis de préserver une bonne habitabilité, notamment à l'arrière, où les passagers ont suffisamment d'espace pour voyager confortablement. Le volume du coffre de 315 litres n'est pas très impressionnant compte tenu des dimensions véhicules. En rabattant la banquette, il passe à 1339 litres.

Belle autonomie
Sur la route, on retrouve les qualités habituelles d'un véhicule électrique. Le couple élevé et disponible immédiatement assure des accélérations très franches, surtout lorsque le mode Sport est sélectionné. Les reprises sont également excellentes et, comme les accélérations, elles n'entraînent pas d'à-coups désagréables. Avec le mode Normal et, plus encore, le mode Eco, les performances reculent un peu afin d'améliorer l'autonomie. Elles demeurent toutefois largement suffisantes pour un véhicule qui, de toute façon, n'aime pas trop être bousculé.
Des palettes au volant permettent de jouer sur la puissance de la récupération d'énergie au freinage. Avec le niveau maximal, le véhicule ralentit fortement de lui-même, mais il reste nécessaire d'appuyer sur la pédale de frein pour l'immobiliser complètement. On peut aussi garder la palette de gauche enfoncée pour y parvenir. Enfin, il existe un mode automatique gérant lui-même la force du freinage régénératif en fonction de la distance séparant le Soul du véhicule qui le précède.
Lourd (plus de 1700 kilos dans cette version 64 kWh) et doté de suspensions assez souples, le e-Soul peut se montrer assez pataud lorsqu'il est emmené à bon train sur des routes sinueuses, où l'on déplore également un léger manque de communication de la direction, même en mode Sport. Le comportement routier demeure néanmoins sûr et le freinage nous a paru tout à fait satisfaisant. Le véhicule est évidemment silencieux, mais quelques nuisances sonores apparaissent à mesure que la vitesse augmente, quelques bruits d'air sans doute qui, dans l'absolu, ne sont pas gênants.



Visiblement, les ingénieurs de Kia ont cherché à privilégier le confort. Ce dernier est effectivement d'un bon niveau, malgré la monte généreuse du véhicule (17 pouces). Malheureusement, la position de conduite vient un peu gâcher les choses pour la personne au volant : trop surélevée, elle finira par agacer les individus de grande taille. Mais elle permet aussi de profiter pleinement de la bonne visibilité à l'avant. Une qualité appréciable en ville, environnement dans lequel le Kia e-Soul fera un excellent compagnon au quotidien, à la fois silencieux, confortable et facile à conduire, surtout avec le freinage régénératif limitant l'activité du pied gauche.
Notre essai s'étant déroulé sur une journée, nous n'avons pu vérifier l'autonomie du véhicule. D'après le cycle WLTP, beaucoup plus réaliste que le NEDC jadis en vigueur, elle est de 452 km sur cette version 64 kWh, ce qui place le e-Soul dans le haut du peloton. Dans cette gamme de prix, on trouve difficilement mieux pour le moment. De notre côté, nous avons relevé une consommation d'environ 18 kWh/100 km. C'est plus que les 15,7 kWh en cycle mixte mentionnés sur la fiche technique, mais nous avons eu le pied droit assez lourd pour tester l'endurance de la batterie (le verdict est d'ailleurs positif, aucun signe faiblesse n'ayant été détecté durant notre essai). On peut donc viser les 400 km d'autonomie réelle sans problème, et même plus en ville (Kia annonce 648 km en cycle urbain), où les multiples freinages permettent de récupérer beaucoup de l'énergie.
Conclusion, prix et équipement
Côté tarifs, le Kia e-Soul démarre à 37'700 euros (aide de l'état non déduite). Pour ce prix-là, vous aurez un modèle 136 ch / 39,2 kWh en finition de base e-Active, qui dispose d'un équipement déjà complet. Notre modèle 204 ch / 64 kWh en finition haute demande un chèque de 45'300 euros. C'est beaucoup dans l'absolu, mais loin d'être déraisonnable pour un véhicule électrique. Notre e-Soul est de plus bien équipé, avec de série un régulateur de vitesse adaptatif, une assistance active à la conduite dans les embouteillages, un écran tactile 10'25 avec navigation, un affichage tête haute, une sellerie cuir, des sièges avants électriques et chauffants, etc. Autre avantage : il est garanti sept ans (batterie incluse), à l'instar des autres véhicules vendus par Kia.
La filiale française du constructeur n'a prévu de livrer que 400 exemplaires d'e-Soul cette année, c'est-à-dire pas grand-chose. Elle souhaite en effet se concentrer sur le e-Niro, un modèle doté des mêmes motorisations, aux dimensions très proches mais plus sage sur le plan du design, moins décalé, et basé sur une autre plateforme. Par la suite, il n'est pas impossible que Kia France accorde une plus grande importance au e-Soul.
En conclusion, l'e-Soul s'adresse aux personnes réalisant essentiellement des trajets en ville, même si l'autonomie élevée autorise aussi de vraies escapades loin de ses bases. Le véhicule privilégie clairement le confort, mais le moteur électrique offrent des performances que le conducteur saura apprécier. Le look original a ses adeptes comme ses détracteurs, mais il faut quoi qu'il en soit saluer la démarche de Kia, qui persiste dans son idée de proposer quelque chose de vraiment différent avec ce modèle.
Points positifs | Points négatifs |
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Belle autonomie | Position de conduite un peu haute |
Accélérations franches | Véhicule parfois pataud |
Habitabilité | Prix raisonnable pour un véhicule électrique mais toujours élevé dans l'absolu |
Galerie: Essai Kia e-Soul 2019
Kia e-Soul 64 kWh