Décriée à sa sortie et maintenant presque adulée – à juste titre –, la Porsche Panamera de seconde génération s'offre sa déclinaison la plus puissante avec cette version Turbo S E-Hybrid. Conçue à Leipzig, en Allemagne, la Panamera fut produite à plus de 150'000 exemplaires. 2500 voitures ont trouvé preneur en France depuis le lancement de la première génération en 2009. En moins de dix ans, la berline de luxe venue de Stuttgart a su s'imposer comme l'une des meilleures ventes de la gamme Porsche avec le Cayenne et le Macan.
À l'aube de l'électrification et d'un changement majeur dans le monde de l'automobile en général, Porsche doit également faire face à de nouvelles "contraintes" environnementales qui poussent à concevoir de nouvelles technologies, sans pour autant mettre à mal la philosophie sportive qui caractérise la marque. La Porsche Panamera Turbo S E-Hybrid en est certainement l'interprétation moderne la plus significative. Rendez-vous compte, 680 chevaux au sein d'une berline haut de gamme, le tout, en s'affranchissant du malus écologique. Sur le papier c'était bien trop tentant. Difficile donc de résister à l'appel des routes du sud de la France, dans l'arrière-pays niçois plus précisément, afin d'essayer la plus puissante des berlines sportives du marché, celle qui tire sa genèse d'une certaine Porsche 918 Spyder...
Symboliquement Porsche dans le style
Moins décriée à sa sortie que le Cayenne, la Panamera a tout de même subi quelques critiques concernant son style. Certains lui reprochaient une face arrière pas vraiment dynamique et un peu trop "pataude". Malgré tout, ça n'a pas empêché cette Panamera de première génération de plutôt bien se vendre, au contraire. La seconde génération a su virer millésime à défaut de tourner au vinaigre en adoptant un design bien plus perçant et une face arrière aux aspects désormais bien plus dynamiques.
Notre version Turbo S E-Hybrid se distingue par quelques éléments spécifiques, dont notamment ces étriers vert fluo ou encore ces quelques sigles entourés de la même couleur afin de souligner la petite fibre écologique qui habite cette imposante berline sportive. Ses immenses disques de frein sont recouverts de jantes "911 Turbo Design" de 21 pouces, disponibles de série sur ce modèle précis.
Technologiquement vôtre
Berline haut de gamme oblige, la Porsche Panamera Turbo S E-Hybrid regroupe certainement tout ce qu'il se fait de mieux au sein de l'industrie allemande. Toutes les commandes sont ornées des matériaux de qualité. Nous retrouvons du cuir à profusion qui recouvre l'ensemble de la planche de bord, les sièges ou encore le volant. Au centre, difficile de louper l'immense écran central de 12,3 pouces qui regroupe toutes les données relatives à la navigation et à la connectivité. On regrettera simplement le fait que Porsche ne propose toujours pas Android Auto, tandis que l'application Apple CarPlay est disponible. Ce détail serait sur le point d'être réglé soit dit en passant.
L'adage "un bouton, une fonction" chez Porsche, c'est terminé, du moins concernant la Panamera. Place maintenant à un ensemble bien plus moderne et épuré. L'ensemble des commandes est situé au niveau de la console centrale, une console recouverte d'un revêtement noir laqué qui, contrairement à d'autres, ne se remplit pas de traces de doigts en l'ayant à peine effleuré. À l'arrière, l'espace aux jambes et à la tête est plus que correct, les passagers bénéficient même d'un petit écran au centre afin de pouvoir gérer indépendamment certaines fonctions de la voiture.
En termes de technologies et de systèmes d'aides à la conduite, la Panamera fait le plein, notamment avec le système InnoDrive qui intègre la détection des panneaux de circulation (fonctionnant avec le GPS et permettant à la voiture d'adapter automatiquement la vitesse en fonction des routes empruntées), l'assistance en cas d'embouteillage et l'adaptation automatique de la vitesse à l'approche d'un virage. Pour être tout à fait honnête, nous avons légèrement fait l'impasse sur ces systèmes. Les routes que nous avons foulées durant notre session d'essai nous ont largement donné l'envie d'adapter nous même notre allure.
Parlons peu, parlons technique
La Porsche Panamera Turbo S E-Hybrid recèle d'éléments techniques très intéressants et il nous sera bien évidemment difficile de tous vous les citer et de tous vous les expliquer. Nous en avons donc sélectionné quelques-uns, forcément parfois liés au système d'hybridation, et qui participent, nous le verrons un peu plus bas, à un dynamisme étonnant frôlant même parfois avec de la vraie sportivité habituellement réservée à l'indétronable 911. Sous le capot, par rapport à une Porsche Panamera 4 E-Hybrid, exit le bloc V6 2,9 litres bi-turbo de 330 chevaux, place à un V8 4,0 litres bi-turbo qui développe la bagatelle de 550 chevaux (à 5750 tr/min) et 770 Nm de couple (de 1960 à 4500 tr/min). Le moteur électrique reste inchangé, il développe toujours 136 chevaux et 400 Nm de couple. Puissance cumulée ? 680 chevaux et 850 Nm. Inutile de vous préciser qu'il s'agit de la berline la plus puissante du marché aujourd'hui.
Elle inaugure également une nouvelle suspension pneumatique à trois chambres (qui offre 60% de capacité en plus) et trois niveaux d'assiette. Combinée aux barres antiroulis actives et au différentiel arrière à vectorisation de couple, c'est bien simple, nous avons l'impression de conduire une propulsion. À cela, ajoutez-y également les deux roues arrière directrices (qui tournent à plus ou moins 2,8° en fonction de la vitesse) et vous obtenez une voiture d'un dynamisme incroyable et d'une redoutable efficacité en courbe malgré ses 2,4 tonnes. La boîte robotisée à double embrayage PDK a elle aussi été retravaillée pour rendre la voiture plus polyvalente. La vitesse maximale est atteignable sur le sixième rapport, tandis que les deux rapports supérieurs ont été surmultipliés afin de garantir une plus grande souplesse d'utilisation sur les grands axes.
Une Porsche dans l'âme
Quoi de mieux que les petites routes de l'arrière-pays niçois pour essayer une Porsche ? Nous partons donc de la ville d'Antibes où nous allons rejoindre l'un des plus beaux villages de France, le village de Gourdon, situé dans les reliefs qui bordent la mer Méditerranée. Un tour de clé à gauche comme il est de tradition chez Porsche et automatiquement notre Panamera passe en tout électrique. Elle dispose de quatre modes de conduite (E-Power, Hybrid, Sport et Sport Plus). Porsche a privilégié le mode E-Power dès le démarrage de la voiture permettant d'évoluer en mode 100% électrique pendant environ 50 kilomètres en théorie comme en pratique en ménageant un peu notre monture. Nous pouvons atteindre 140 km/h en restant uniquement en mode full électrique. Après sept heures de recharge sur une prise 230V et 10 A avec le chargeur de série de 3,6 kW ou en un peu plus de deux heures avec le chargeur embarqué optionnel de 7,2 kW sur une prise 32 A, notre Panamera Turbo S E-Hybrid est prête à s'affranchir de la ville.
La sortie de la ville d'Antibes se fait dans une douceur déconcertante, les suspensions retravaillées sont bien plus souples en compression par rapport à l'ancienne version qui était parfois critiquée à ce sujet. Malgré ses 5,05 mètres de long, la voiture arrive parfaitement à se glisser entre les étroites ruelles du centre-ville. Ses roues directrices participent bien évidemment à tout cela et permettent un rayon de braquage record pour un véhicule d'une telle longueur puisqu'il ne réclame que 11,9 mètres. Une fois les petites rues et les grands axes menant aux reliefs derrière nous, il est temps de changer de mode de conduite et voir de quoi cette Porsche est capable.
Passage en mode Sport, le V8 donne de la voix, mais seulement de l'extérieur. L'intérieur est si bien insonorisé que seules les montées en régime les plus vigoureuses sont bien perceptibles à l'oreille. Les premiers lacets arrivent, autant vous le dire tout de suite, avec 2,4 tonnes et 5,05 mètres de long, nous y allons tranquillement dès le début. Mais après quelques virages enroulés à une vitesse inavouable, notre Panamera Turbo S E-Hybrid nous a tout simplement bluffés. Nous avons rarement vu une voiture d'une telle longueur aussi agile. L'assiette reste constante, le train avant, malgré son imposant V8, ne s'écrase pas sur le premier appui, la suspension filtre en plus de ça pratiquement toutes les imperfections de la route, c'est tout simplement remarquable à ce niveau.
Mais nous n'avons pas encore tout vu. Porsche annonce un 0 à 100 km/h en seulement 3,4 secondes et un 0 à 200 km/h en 11,7 secondes. Qu'à cela ne tienne, pied droit sur l'accélérateur, pied gauche sur le frein, moteur en rupture à 4000 tr/min, on relâche la pédale de frein et launch control ! Nous n'avons pas mesuré si les données communiquées étaient vraies, en revanche, notre colonne vertébrale s'en souvient encore. Pour être tout à fait honnête, nous n'avons pas ressenti une telle poussée depuis notre prise en main de la récente Tesla Model S P100D, référence en la matière. La Porsche Panamera Turbo S E-Hybrid peut aisément tenir quelques Ferrari et quelques McLaren sur cet exercice.
Au passage en mode Sport Plus, nous disposons de toute la puissance, c'est-à-dire 680 chevaux et 850 Nm. En termes d'accélération, c'est au-dessus de n'importe quelle Porsche 911 Carrera aujourd'hui. Les deux turbos étouffent le bruit du V8, qui se fait tout de même bien sonore de l'extérieur, et seul le compteur nous rappelle parfois à l'ordre. Son excellent châssis permet une agilité remarquable en virage et à force d'aller chercher toujours plus loin les limites, l'ESP nous a rapidement rappelé à l'ordre en provoquant une rupture de puissance claire et nette. C'est à ce moment précis où nous nous sommes rappelés que nous étions dans une voiture de plus de deux tonnes. Joueurs, nous le sommes. ESP – partiellement – déconnecté, à la prochaine épingle nous décidons de contraindre encore notre Panamera à un exercice qui ne lui sied guère. Grand bien nous fasse car à la surprise générale, même après une légère dérobade contrôlé du train arrière à essieu multibras, notre Panamera se replace parfaitement là où nous le souhaitions, sans jamais surcharger le train avant qui absorbe donc parfaitement cette double charge.
La Porsche Panamera excelle dans bien des domaines. Son accélération demeure certainement le point le plus impressionnant.
Le freinage, parlons-en également. Porsche est réputé pour concevoir les meilleurs systèmes de freinage au monde. Ce n'est pas la Panamera Turbo S E-Hybrid qui dérogera à cette règle. Les assiettes, ou devrait-on dire les plateaux ventilés et percés avec étrier fixe à dix pistons à l'avant, en carbone - céramique bien entendu, sont absolument indestructibles. Malgré de nombreuses phases de freinage en descente notamment, ils ont su parfaitement stopper les 2,4 tonnes et l'inertie de l'engin, sans jamais blanchir ou perdre en endurance. Allez, s'il y a bien un petit défaut à trouver, ce serait peut-être la pédale de frein un peu trop spongieuse et difficile à doser en début de course. Une caractéristique seulement relevée sur la version hybride (celle-ci est déconnectée hydrauliquement), la Turbo S "classique" bénéficie d'un amplificateur plus ferme et plus consistant.
Conclusion
Nous ne nous attendions pas à une telle claque en venant essayer cette voiture. Pourtant, ce n'est certainement pas la plus extrême, la plus sportive ou encore la plus désirable des Porsche. Non, la Panamera allie le meilleur des deux mondes tout en adressant un sympathique "bonjour" aux autorités environnementales et leurs décisions parfois contradictoires. Preuve en est, notre Panamera Turbo S E-Hybrid, selon le cycle d'homologation actuelle ne rejète que 68 grammes de CO2 par kilomètre et se permet même de s'octroyer un bonus écologique.
Disponible à partir de 189'062 euros, notre modèle d'essai grimpe à 223'628 euros grâce à quelques options plus ou moins indispensables. C'est onéreux certes, mais c'est aujourd'hui le prix à payer pour l'une des voitures les plus antinomiques du moment. Bénéficier de technologies utilisées en course, avoir des gènes de Porsche 918 Spyder, recevoir un bloc V8 4,0 litres bi-turbo, avaler le 0 à 100 km/h en 3,4 secondes, tout cela dans un écrin luxueux et parfaitement assemblé, sans s'attirer les foudres financières des autorités ? C'est tout simplement fabuleux.
Photos : Thibaud Chevalier / Porsche France
Points positifs | Points négatifs |
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Agilité déconcertante | Peu de remontée d'informations |
Quatre roues directrices | Prix élitiste |
Performances de supercar | Pédale de frein un peu trop spongieuse |
Galerie: Essai Porsche Panamera Turbo S E-Hybrid
Porsche Panamera Turbo S E-Hybrid - 4.0 V8 bi-turbo hybride 680 chevaux PDK