Fisker, la start-up californienne spécialisée dans les véhicules électriques, a fait faillite. Les acheteurs de son SUV Ocean se retrouvent donc dans l'incertitude quant à l'avenir des mises à jour logicielles, de la connectivité Internet, des réparations et des pièces de rechange. Après tout, l'Ocean n'a jamais été entièrement développé, ce qui rend l'incertitude autour du support à long terme d'autant plus inquiétante.
Certains clients de Fisker ont transformé ces inquiétudes en actions, en créant le mois dernier la Fisker Owners Association (FOA). Ce groupe de 2 000 membres espère contribuer à maintenir Ocean en bon état de fonctionnement à long terme et défendre les intérêts des propriétaires dès maintenant. À cette fin, la FOA a déclaré, mercredi dernier, avoir retenu les services d'un cabinet d'avocats, Cooley, pour représenter les propriétaires d'Ocean dans le cadre de la procédure de faillite de Fisker.
À la recherche des pièces
Alors, quel est l'objectif de la FOA en recourant aux services d'un avocat ? Au début, l'organisation pensait "qu'il serait intéressant que les propriétaires soient payés pour les garanties de leurs véhicules", a déclaré José De Bardi, propriétaire d'une Fisker au Royaume-Uni et l'un des fondateurs de la FOA. Bientôt, le groupe s'est rendu compte qu'avec autant de créanciers importants dans le mélange, cela ne serait pas réaliste.
"La réalité est que nous n'y parviendrons probablement pas. Ce qui est bien plus important, c'est que nous puissions continuer à utiliser nos voitures", a expliqué De Bardi.
Les propriétaires, qui ont payé jusqu'à 70 000 $ (soit environ 64 739 €) pour leur Ocean pendant l'année de sa mise en vente, veulent obtenir des garanties sur la disponibilité des pièces de rechange. Celles-ci étaient difficiles à trouver même lorsque Fisker était pleinement opérationnelle. Ils aimeraient donc avoir accès à toutes les pièces qui traînent et espèrent établir un approvisionnement régulier comme l'a raconté De Bardi :
"Il y a un problème, long et compliqué, autour de l'approvisionnement en pièces détachées. Évidemment, c'est essentiel si nous voulons garder les voitures sur la route, car des pièces vont tomber en panne."
L'autre gros problème est le logiciel. C'est ce qui différencie la Fisker Ocean d'une voiture comme la Delorean DMC-12, qui a également perdu le support du constructeur mais qui n'avait besoin que de réparations mécaniques pour continuer à rouler. La dépendance de l'Ocean aux logiciels modernes des véhicules signifie que vous ne pouvez pas simplement l'emmener chez le mécanicien du coin pour résoudre un problème ou remplacer une pièce défectueuse.
La FOA se bat donc pour avoir accès à l'outil de diagnostic de véhicule de Fisker, a déclaré De Bardi, qui est nécessaire pour détecter les problèmes et effectuer les réparations. Le groupe souhaite également une solution pour le jour où l'infrastructure cloud de Fisker sera hors service. Curieusement, l'Ocean doit se connecter à ce cloud pour que des fonctionnalités de base, notamment le toit ouvrant et les vitres latérales (petites fenêtres près du hayon qui sont une caractéristique unique de la voiture), fonctionnent.
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De Bardi a expliqué que les propriétaires ne savent pas exactement ce qui pourrait se passer si le cloud ou la connexion Internet de l'Ocean venait à être interrompu pendant une période prolongée. Le groupe essaie donc de se préparer à cette éventualité, soit en organisant la maintenance du cloud, soit en faisant en sorte que certaines fonctionnalités marchent localement dans le véhicule.
American Lease : l'espoir ?
Le service cellulaire actuellement fourni par T-Mobile est une autre source de préoccupation, a déclaré De Bardi, car il prend en charge des fonctionnalités clés comme la navigation. L'association, qui comprend de nombreux propriétaires à l'esprit technique, selon De Bardi, est également intéressée par la conclusion d'accords de licence pour maintenir ou améliorer certaines parties du logiciel de l'Ocean au fil du temps (De Bardi lui-même est le directeur technique d'une entreprise technologique.) Pour cela ils auraient besoin de l'autorisation de certains fournisseurs de logiciels tiers.
Fisker Ocean
Les propriétaires d'Ocean pourraient à nouveau espérer remporter quelques victoires. American Lease, une société new-yorkaise qui loue des voitures à des chauffeurs de VTC, a accepté d'acheter le stock restant de Fisker, soit environ 3 000, pour un montant pouvant atteindre 46,25 millions de dollars. Dans le cadre de cet accord, qui doit encore être approuvé par un juge du tribunal des faillites du Delaware, Fisker permettra à l'entreprise d'accéder au code source et aux logiciels propriétaires nécessaires à la maintenance et à l'amélioration d'Oceans.
Pour De Bardi, cela signifie que la FOA pourrait obtenir des niveaux d'accès similaires. Mais c'est aussi inquiétant dans le sens où une autre entreprise peut désormais contrôler tout ce dont elle a besoin. Idéalement, la FOA travaillerait avec American Lease, puisqu'ils ont des objectifs communs ici, a-t-il déclaré.
Si rien ne va dans le sens des propriétaires de Fisker, la FOA devra peut-être trouver des solutions à leurs nombreux problèmes complexes. Mais si elle y parvient, leur situation pourrait devenir un exemple de ce à quoi ressemblent les droits des consommateurs à l'ère numérique, d'après De Bardi, où même votre voiture à 60 000 € peut perdre des fonctionnalités logicielles en un clin d'œil.
"Un fabricant devrait-il avoir la capacité de vous empêcher d'ouvrir votre toit ouvrant s'il estime que ses serveurs ne veulent plus fonctionner un jour, sans parler de la faillite ? Si tout se passe comme nous le souhaitons et que nous atteignions tous nos objectifs, ce serait un cas historique incroyable."