En ce début de 2024, la Suisse traverse un moment décisif dans son chemin vers les véhicules électriques, marqué par la combinaison du ralentissement de la croissance des ventes et le début d’une nouvelle taxation. 

Ralentissement des ventes de voitures électriques : les obstacles à surmonter
En 2023, une voiture sur cinq vendue en Suisse était un véhicule électrique, représentant 20,9 % du marché. Bien que les ventes de véhicules électriques aient continué à progresser, la trajectoire a ralenti par rapport à l'année précédente, indiquant une rupture avec le rythme rapide observé précédemment.


Entre la fin de 2022 et 2023, la part de marché des voitures électriques est passée de 17,3 % à 20,9 %, les hybrides rechargeables connaissant une augmentation plus modeste de 8 % à 9,2 %. Les statistiques de Swiss eMobility montrent que 30,1 % des nouvelles voitures vendues étaient électriques, dressant le tableau d'un marché en transition.


Cependant, au milieu de cette croissance, des défis se profilent. La part des véhicules à essence a diminué de 37,8 % en 2022 à 33,3 % en 2023, et celle des véhicules diesel a glissé de 11,7 % à 9,3 %. La lenteur du développement est attribuée en partie à la rareté des bornes de recharge à domicile. Swiss eMobility a souligné le problème, citant la possibilité pour les propriétaires d'empêcher les locataires d'installer des bornes de recharge.


La Suisse, avec environ 17 000 points de recharge publics (une augmentation notable par rapport à l'année précédente), est reconnue pour avoir l'un des réseaux de recharge les plus denses au monde. Malgré cela, l'appel à davantage de bornes de recharge privées et à un engagement accru des autorités publiques résonne fort. Swiss eMobility a exprimé des inquiétudes quant au retard par rapport aux pays voisins, soulignant la nécessité d'une infrastructure robuste pour favoriser l'électrification.

Des temps fiscaux difficiles pour les véhicules électriques
Dans un revirement surprenant, le Conseil fédéral suisse a annoncé un changement de paradigme dans son approche de la taxation des véhicules électriques. À compter du 1er janvier 2024, les véhicules électriques ne bénéficieront plus du statut d'exemption de la taxe de 4 % imposée aux voitures importées. Ce changement, annulant une exonération fiscale introduite en 1997 pour encourager l'adoption des voitures électriques, reflète la conviction que le marché a suffisamment mûri pour justifier une taxation équitable.


Le Conseil fédéral fait valoir que les voitures électriques, comme leurs homologues à essence et diesel, utilisent les routes et devraient donc contribuer au financement de l'infrastructure routière. De plus, le gouvernement cherche des moyens de résorber le déficit fédéral, la suppression de l'exonération étant projetée pour générer entre 2 et 3 milliards de francs suisses sur les six années de 2024 à 2030. Ce n'est d’ailleurs pas la première fois que le Conseil fédéral modifie les règles d’un secteur en Suisse, avec un enjeu de taxation: ce fut par exemple le cas du monde du paris sportif suisse en 2019 avec la Loi fédérale sur les jeux d’argent. 


La décision, tout en symbolisant la normalisation croissante des véhicules électriques, reconnaît également la popularité croissante des véhicules électriques en Suisse. En 2018, seulement 8 000 véhicules électriques ont été importés, tandis qu'en 2022, ce nombre a considérablement augmenté à 45 000, marquant une multiplication par six en seulement quatre ans.


Alors que le pays fait face à la dualité entre le ralentissement de la croissance des ventes de véhicules électriques et la taxation imminente des véhicules électriques, l'année 2024 s'annonce comme une année difficile. Trouver le bon équilibre entre l'incitation à l'adoption et la garantie d'un financement durable de l'infrastructure sera crucial pour l'évolution de la mobilité électrique en Suisse. Seul le temps dira comment ces dynamiques façonneront l'avenir des véhicules électriques sur les routes suisses.