Au bout de quatre courses en cette saison 2023 de Formule E, les pilotes ont pu se faire une bonne idée de la monoplace nouvelle génération du championnat tout électrique, la Gen3. Une puissance accrue à 350 kW (près de 470 ch), un poids réduit de 53 kg, une capacité de régénération de 600 kW : ce nouveau bolide se démarque nettement de son prédécesseur.

La quantité d'énergie régénérée en course étant nettement plus grande (environ 40%), la gestion joue un rôle moindre, mais ça n'en est pas la seule raison, estime Jean-Éric Vergne, qui aimerait que des mesures soient prises au niveau de l'aérodynamique.

"Actuellement, la course est assez difficile à comprendre à cause du niveau de traînée de ces voitures", explique Vergne, vainqueur de la dernière course en date à Hyderabad. "L'effet d'aspiration est assez difficile à quantifier, mais il est deux ou trois fois plus fort que l'an dernier. En Inde je partais devant, et les courses où je partais derrière, je n'avais aucune économie à faire : l'aspiration est si forte que cela change complètement la gestion et les objectifs d'énergie. C'est l'une des raisons pour lesquelles les dépassements sont plus compliqués en course."

"Quand on part derrière – les Porsche sont l'exception, ils sont très compétitifs, tant mieux pour eux – et qu'on essaie d'être plus malin au niveau de la gestion de l'énergie, ça ne fonctionne pas forcément, car tout le monde est plus ou moins à fond du premier au dernier tour. Quand j'étais tout seul devant, l'impact sur ma gestion de l'énergie était énorme. J'aimerais donc voir moins de traînée sur ces voitures, cela rendrait ces courses plus ouvertes avec plus de gestion de l'énergie pour tout le monde."

Une plus grande gestion de l'énergie permettrait par ailleurs d'accroître le nombre de dépassements, puisque les pilotes seraient contraints de faire plus de lift-and-coast – lever le pied de l'accélérateur nettement avant de freiner. Surtout dans un contexte où il n'y a plus de gestion des pneumatiques : les gommes du nouveau fournisseur, Hankook, sont extrêmement dures et contribuent nettement au fait que la Gen3 n'est pas plus rapide que sa devancière.

"Avoir la puissance supplémentaire, c'est super", ajoute Vergne. "La voiture a plus de couple, plus de puissance, on peut aller bien plus vite en ligne droite car la voiture est aussi plus légère. Mais les choses qui devraient être améliorées à mon avis pour la prochaine génération, pour la Gen3.5, sont les pneus."

"Actuellement, les pneus n'ont pas de dégradation, c'est un composé très dur, et quand on regarde la course à Riyad, sur la même piste dans les mêmes conditions, je crois que nous sommes environ une seconde plus lents qu'avec la Gen2 [le meilleur temps du week-end saoudien était 1'08"693 contre 1'06"835 l'an dernier, ndlr] – en ayant plus de puissance et une voiture plus légère. Hankook a fait les pneus qui leur avaient été demandés. Je n'ai pas de mauvaises choses à dire sur les pneus, c'est juste un composé dur. Je pense qu'on pourrait avoir un composé bien plus tendre pour avoir plus d'adhérence."

Quant aux pneus rainurés utilisés en permanence dans le championnat, pour des raisons écologiques notamment : "J'adorerais voir des pneus slicks en Formule E, car il ne pleut quasiment jamais. Franchement, vu la quantité de trains de pneus qu'on a sur la saison pour le paddock de Formule E, cela ne changerait pas grand-chose d'avoir des vrais pneus slicks et des vrais pneus pluie, mais évidemment, ce n'est pas à moi de décider."