Le week-end dernier, à l'E-Prix d'Hyderabad, Jean-Éric Vergne a mis un terme à près de deux années sans victoire depuis son triomphe à l'E-Prix de Rome 2021. Le double champion de Formule E s'est illustré en prenant la deuxième place sur la grille de départ, perdant son duel pour la pole position face à Mitch Evans pour deux centièmes de seconde.

Une erreur stratégique d'Evans et Jaguar dans l'activation du mode attaque a toutefois permis à Vergne de passer devant. Si Sébastien Buemi a un temps pris l'avantage, Vergne a rapidement dépassé le pilote suisse et a ensuite résisté avec brio à la pression de l'autre Envision, celle de Nick Cassidy, qui avait nettement plus d'énergie – le Néo-Zélandais a même fini la course avec 4% restant dans sa batterie.

"La seule chose qui m'inquiétait était l'inconstance de mes freinages : il fallait que je freine tôt à de nombreux endroits pour éviter de tirer tout droit et de perdre la tête", confie le pilote DS Penske en proie à une difficulté technique. "Ce n'était pas facile. À tout moment, s'il m'avait surpris en freinant plus tard que moi, je n'aurais pas pu y répondre, alors il fallait que je me mette dans une position où il ne pouvait pas faire ça. Ce n'était pas facile, mais je n'étais pas stressé, je savais que ça allait le faire."

Ce succès est un sacré retournement de situation pour DS, qui motorise non seulement son écurie d'usine, Penske, mais aussi Maserati – soit quatre voitures qui, rassemblées, ont marqué lors des trois premières courses un total de… huit points. Elles étaient pourtant dominatrices lors des essais de pré-saison. Ainsi, Vergne voit en cette victoire la conséquence de progrès en qualifications, tandis qu'il reste du pain sur la planche pour comprendre pourquoi cette course a été un tel succès.

Lorsqu'InsideEVs lui demande s'il s'agit d'une avancée majeure en matière de performance et d'efficience, Vergne répond : "Oui et non. Oui dans la mesure où nous avons clairement travaillé vraiment dur après les deux premiers week-ends. Je pense que nous avons pris une grande claque en nous rendant compte que nous n'avions pas la performance, surtout en qualifications. Nous avons consacré beaucoup d'efforts aux qualifications pour progresser, pour prendre le départ plus à l'avant. Dans cette perspective, nous avons fait un bon pas en avant."

Jean-Éric Vergne (DS Penske)

Jean-Éric Vergne (DS Penske)

"Maintenant, nous devons nous assurer que le niveau de performance que l'on voit chez nous en qualifications puisse être reproduit lors des prochaines courses. Il n'est pas encore sûr que nous y arrivions, car le niveau d'expérience que nous avons avec cette voiture n'est pas encore énorme. Nous avons beaucoup d'analyses à faire. Quand on fait un mauvais week-end, on fait beaucoup d'analyses pour comprendre ce qui n'a pas marché, mais c'est pareil quand on fait un bon week-end : c'est très important de comprendre pourquoi on a été bon, les bonnes choses que l'on a faites qui ont contribué aux performances. Je ne suis pas sûr que nous ayons toutes les réponses maintenant, j'espère que nous pourrons les avoir pour Le Cap."

"En course, nous avons vu des problèmes", ajoute le Français, faisant référence à "des problèmes logiciels que nous n'avions pas vus avant", bien que ce fût "très facile de les déceler après la course" et qu'il y ait "déjà une solution en place". Reste à voir si elle portera ses fruits.

Vergne conclut : "Je dirais, sur une échelle de 1 à 100, après les trois premières courses, nous étions probablement à 20%. C'est très dur d'atteindre 100%, surtout en Formule E. Maintenant, nous sommes plutôt à 60%. Nous avons encore une grande marge de progression, ce n'est pas parce que nous avons gagné une course que nous considérons que nous avons tout compris, loin de là." Le pilote DS Penske s'est en tout cas propulsé à la troisième place du classement des pilotes avec 31 points, toutefois bien loin de Jake Dennis (62 pts) et Pascal Wehrlein (80 pts).