Les problèmes de fiabilité ont été surmontés
Lors des essais hivernaux de Valence, à un mois du coup d'envoi de la saison de Formule E, une certaine inquiétude régnait en raison de plusieurs problèmes majeurs sur la monoplace nouvelle génération, la Gen3.
Finalement, bien que l'inquiétude en question fût justifiée, le championnat tout électrique a manifestement réussi à s'extirper de ce mauvais pas. Les pépins de fiabilité sur la batterie fournie par Williams (WAE Technologies) semblent être globalement résolus ; quant aux accidents auxquels contribuait l'innovante absence de freins conventionnels à l'arrière (la décélération se faisant par brake-by-wire et régénération d'énergie), après une nouvelle frayeur pour Mitch Evans à Mexico, le système de freinage d'urgence installé à partir de Diriyah semble y avoir mis un terme.
DS et Maserati n'ont pas confirmé
À l'issue des tests de pré-saison, la hiérarchie était claire : le top 3 de la semaine était monopolisé par des pilotes utilisant les moteurs DS, à savoir Maximilian Günther pour Maserati ainsi que Stoffel Vandoorne et Jean-Éric Vergne, représentants de DS Penske. Cependant, il est bien connu que le Circuit Ricardo Tormo de Valence n'est pas représentatif des pistes urbaines empruntées par la Formule E.
Le retour sur terre a été brutal pour la dream team composée de deux Champions du monde : Vandoorne et Vergne ne sont entrés dans les points qu'une fois chacun lors des trois premières épreuves, jamais dans le top 5, déplorant un étonnant manque de performance. La victoire du Français à Hyderabad représente une belle éclaircie à confirmer, même si elle n'a clairement pas été aisée face à la pression imposée par l'Envision de Nick Cassidy et a été facilitée par le carambolage provoqué par Sam Bird. Vergne estime qu'une avancée a été faite en qualifications mais que la course en particulier reste perfectible.
Du côté de Maserati, la pilule est encore plus dure à avaler, avec notamment plusieurs accidents qui ont contribué au faible bilan comptable actuel : trois petits points, tous inscrits par Edoardo Mortara. L'ancienne structure Venturi désormais menée par James Rossiter a du pain sur la planche.

Jean-Éric Vergne (DS Penske) n'a pas eu la tâche facile en ce début de saison
Porsche est aux avant-postes
À l'inverse, Porsche n'était pas vraiment attendu aux avant-postes – aucun des quatre pilotes propulsés par la marque allemande n'était dans le top 10 à Valence – et pourtant ! Pascal Wehrlein et Jake Dennis ont lancé la saison par trois doublés – l'un mené par le Britannique, représentant d'Andretti, les deux autres par l'Allemand, pilote d'usine Porsche.
Le groupe propulseur Porsche jouit à la fois d'un niveau de performance et d'une efficience de premier choix. Les pilotes parviennent à économiser l'énergie dans le peloton et à ne pas la dépenser excessivement lorsqu'ils attaquent. C'est de bon augure pour la suite.
Sébastien Buemi n'est pas fini…
Pendant de nombreuses années, Sébastien Buemi a eu le statut de pilote le plus victorieux depuis la création de la Formule E. Mais voilà bien longtemps que le succès n'était plus au rendez-vous avec Nissan e.dams : le pilote suisse n'a remporté qu'une victoire lors des cinq dernières saisons, sans signer le moindre podium depuis 2020.
Le sourire s'était raréfié sur le visage de Buemi – du moins dans le paddock – mais la nouvelle recrue d'Envision semble l'avoir retrouvé : au sein de l'écurie cliente de Jaguar, il a renoué avec la pole position à Diriyah et a franchi la ligne d'arrivée au troisième rang à Hyderabad avant une lourde pénalité pour avoir dépassé la puissance maximale. À déjà 34 ans, le potentiel est toujours là.
"Cela montre juste que si j'ai la voiture, je peux être performant", a déclaré Buemi à InsideEVs en Arabie saoudite. "Je suis juste un peu triste de ce qui s'est passé l'an dernier, car nous avons tant gagné ensemble. La manière dont ça s'est terminé n'était pas sympa car je méritais un peu plus de respect, à mon avis. Mais c'est le sport auto, hein ? C'est comme ça."

Sébastien Buemi a pris un nouveau départ chez Envision (ex-Virgin)
… mais les nouveaux favoris ne sont pas (encore) champions
Le plateau de Formule E est plein de têtes couronnées, de Sébastien Buemi à Stoffel Vandoorne en passant par Lucas Di Grassi, Jean-Éric Vergne et António Félix da Costa. Pourtant, aucun d'entre eux ne fait partie des deux pilotes qui caracolent en tête du championnat.
Grâce à leurs victoires et podiums, Pascal Wehrlein et Jake Dennis comptent 80 et 62 points respectivement, quand leurs rivaux n'en ont que 31 au mieux. Auteur de deux premières saisons très convaincantes dans le championnat en s'illustrant déjà occasionnellement aux avant-postes, Dennis s'est imposé pour la première épreuve de l'ère Gen3 à Mexico et a signé deux autres podiums. Surtout, il semble avoir pris l'ascendant sur son coéquipier vétéran, André Lotterer.
Le timide Wehrlein, quant à lui, n'avait pas eu énormément de succès jusqu'à présent, avec Mahindra puis Porsche. La situation actuelle est diamétralement opposée à ce qu'il a connu précédemment, avec une constance aux avant-postes qui lui a permis d'engranger ces 80 unités en quatre courses. C'est plus que son total personnel sur l'ensemble de la saison 2021, où Nyck de Vries avait été couronné avec 99 points au compteur.
Comme Dennis avec Lotterer, Wehrlein domine son partenaire, d'un calibre peut-être encore plus gros, puisqu'il s'agit de Félix da Costa. L'Allemand est pour l'instant la surprise de l'année, et bien malin qui peut prédire où se trouve son plafond de verre… s'il existe.