Un rapport sénatorial demande la réouverture de mines en France, en s'inquiétant de la dépendance du pays en minéraux et métaux critiques pour la fabrication d'équipements indispensables à la transition énergétique, allant des pâles d'éoliennes aux batteries électriques, en passant par les électrolyseurs d'hydrogène.

"Pour relancer la filière minière française, et répondre ainsi aux besoins économiques et difficultés géopolitiques actuels, une politique minière ambitieuse doit être absolument mise en œuvre", indique le rapport de 300 pages, intitulé "Cinq plans pour reconstruire la souveraineté économique" rendu public jeudi et remis à Bercy.

"Nous demandons d'abord un inventaire en profondeur du sous-sol et après de réoctroyer des permis d'exploration et d'exploitation minières sur des standards durables", résume pour l'AFP Franck Montaugé, sénateur (PS) du Gers, corapporteur du document avec Sophie Primas (LR) et Amel Gacquerre (Modem).

La transition énergétique repose sur les métaux critiques, soulignent-ils, en rappelant qu'on dénombre 15 grammes de terres rares dans un smartphone, 5 kg dans une batterie électrique, ou 600 kg dans une éolienne en mer.

Le dernier inventaire des sous-sols français datant des années 1970 est "obsolète", car n'allant "pas au-dessous de 300 mètres", souligne le rapport.

Le programme de prospection aéroportée initié par le gouvernement actuel pour un montant de 5 millions d'euros sur 3 ans "ne concerne que l'ouest du Massif Central", précisent les sénateurs, qui souhaitent "l'étendre à l'ensemble de l'hexagone, mais aussi aux outre-mer et aux fonds marins".

Selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), le coût d'un inventaire complet du sous-sol français devrait s'élever à quelque 50 à 70 millions d'euros. "Ces montant doivent être débloqués dès la prochaine loi de finances", demandent les sénateurs. Ils souhaitent aussi un effort en direction de la recherche et de l'innovation dans le secteur minier, ainsi que du recyclage des matières premières critiques qui doivent entrer dans une "économie circulaire".

Ils saluent les annonces du précédent gouvernement prévoyant la création de trois usines de batteries électriques dans le nord de la France et de recyclage d'aimants permanents à Lacq dans le sud-ouest, mais s'inquiètent de la durée nécessaire pour mettre en œuvre des projets miniers : 17 ans en moyenne en France entre la découverte d'un gisement et sa mise en production.

"La délivrance de permis d'exploration et d'exploitation minières doit être accélérée", demande le rapport en plaidant aussi pour un "haut niveau de standards environnementaux, sociaux ou sanitaires".

Trois grands groupes existent en France : Orano, Eramet et Imerys, représentant un chiffre d'affaires de 36 milliards d'euros et 11 000 emplois directs et indirects. (avec AFP)