C'est maintenant ou jamais. L'Europe cherche à s'affranchir des matières premières chinoises. L'idée est de créer un fonds pour encourager les investissements dans la production de minéraux essentiels et utiles à la voiture électrique et à la transition énergétique en général.
Le "Fonds européen pour les matières premières" - c'est son nom - devrait être opérationnel l'an prochain. Les mois à venir seront donc décisifs, l'UE étant à la recherche d'investisseurs, tant du secteur public que du secteur privé.
Deux milliards d'euros pour commencer
C'est ce qu'a annoncé Bernd Schaefer, PDG du consortium EIT Raw Materials, qui s'est entretenu avec l'agence de presse Reuters lors du Forum mondial des matériaux à Nancy, en France. Le fonds devrait démarrer avec une trésorerie d'environ 2 milliards d'euros. Un chiffre conséquent, mais qui devra croître fortement pour découpler le Vieux Continent de l'Asie. C'est du moins ce qu'affirme Schaefer :
"Si vous regardez l'énorme investissement nécessaire pour les matières premières, 100 à 150 milliards d'euros sont nécessaires pour relever les défis de l'électrification. Il y a beaucoup d'appétit pour les investissements en Europe".
Parmi les personnes intéressées par le projet figurent également des fonds de pension et des institutions telles que la Banque européenne d'investissement. Le fonds va donc continuer à croître, mais il est évident qu'il ne pourra pas se suffire à lui-même, car les entreprises devront aussi faire beaucoup d'efforts.

S'inspirer de la Chine et des USA
Cela aidera en tout cas l'Alliance européenne pour les matières premières (Erma), l'alliance lancée en 2020 dans le but d'aider le Vieux Continent à produire chez lui au moins un cinquième des aimants permanents, indispensables aux véhicules électriques et aux éoliennes, mais dont 98% proviennent actuellement de Chine. Le Fonds européen pour les matières premières s'inspire précisément des politiques de Pékin en faveur de l'électrification.
Un autre problème à résoudre est celui de l'excès de bureaucratie, qui décourage et ralentit les investissements. Un modèle à suivre pourrait être celui des États-Unis. Comme l'explique Victoire de Margarie, fondatrice du Forum mondial des matériaux, le financement aux États-Unis est beaucoup plus facile à mettre en place. La force des États réside dans le fait de croire aux start-up qui s'aventurent dans des projets plus risqués, avec l'État à leurs côtés.
Source: Reuters