Le groupe suédois de batteries Northvolt a annoncé avoir démarré sa "giga-usine" en Suède, la première en son genre lancée par un groupe européen sur le sol européen. Destinée à concurrencer l'américain Tesla et les producteurs asiatiques de batteries lithium-ion pour l'industrie automobile, l'usine située à Skellefteå, dans le nord de la Suède, vient d'assembler sa première cellule de batterie électrique.
Quand il atteindra sa pleine capacité, le site doit produire de quoi équiper un million de véhicules électriques chaque année, avec une capacité de production annuelle de 60 GWh, selon le fabricant suédois.
"Marquant un nouveau chapitre de l'histoire industrielle européenne, la cellule est la première à avoir été entièrement conçue, développée et assemblée par une entreprise de batteries basée en Europe", s'est félicité Northvolt. Après ces premiers essais de production, la production commerciale devrait commencer "au début de l'année 2022", a précisé le directeur de l'usine, Fredrik Hedlund, à l'AFP.
Northvolt prévoit d'atteindre une capacité de production à Skellefteå correspondant aux besoins de 300 000 véhicules, soit 16 GWh, "au cours des deux prochaines années", a-t-il expliqué.
Tesla doit lancer sous peu sa première usine en Europe et des groupes asiatiques ont des sites importants en Pologne et en Hongrie, mais aucun groupe européen n'opérait jusqu'ici une usine significative comme celle-ci. Le site, à seulement 200 kilomètres du cercle Arctique, a été choisi du fait des importantes sources d'électricité renouvelable disponibles dans le nord de la Suède, en hydroélectricité notamment. L'énergie consommée par l'usine est 100 % renouvelable, selon Northvolt.
"Faire des cellules de batteries est une activité très gourmande en énergie", a souligné Fredrik Hedlund, "et notre objectif est d'avoir la cellule de batterie la plus verte au monde. Chaque kilowattheure de batterie nécessite environ 60 à 80 kilowattheures d'énergie pour sa production, donc l'endroit où vous placez votre usine est certainement le facteur clé pour une batterie verte. Quand l'usine sera à pleine capacité, nous aurons besoin de plusieurs centaines de mégawatts en continu pour être une usine efficace", a-t-il expliqué, notamment pour alimenter les fours produisant les cellules.
Northvolt, un des plus grands espoirs européens en matière de batteries, a déjà décroché pour 30 milliards de dollars de commandes auprès de géants européens de l'automobile comme BMW et Volkswagen ou encore Volvo, avec qui il prévoit une deuxième immense usine en Europe.
Dans un chantier compliqué par la pandémie, l'ancienne start-up cravachait pour tenir sa promesse de démarrer l'usine avant la fin de l'année. Baptisé "Northvolt Ett" (Northvolt Un, en suédois), le site emploie déjà 500 personnes et doit atteindre 3000 salariés à pleine capacité, sur une vaste surface totale de 100 hectares. Dans un secteur très concurrentiel, un des défis de Northvolt est de convaincre des salariés de haut niveau de s'installer aux confins du nord suédois.
Avec son siège à Stockholm, l'entreprise suédoise, qui a déjà levé plusieurs milliards d'euros de financement, a été fondée en 2016 par le Suédois Peter Carlsson et l'Italien Paolo Cerruti, deux anciens de Tesla. Parmi ses actionnaires figurent Volkswagen, Goldman Sachs, BMW, des fonds nordiques ou encore, depuis 2020, le fondateur de Spotify, le milliardaire suédois Daniel Ek.
Outre ces financements privés, Northvolt a également bénéficié de prêts européens, alors que le Vieux Continent s'efforce de rattraper son retard en matière de batteries au moment où les constructeurs se tournent en masse vers l'électrique. Face à la Chine, qui domine le marché, l'Europe ne représentait en 2020 que 3 % de la production mondiale de batteries, mais elle a l'ambition de rattraper son retard et vise 25 % du marché à la fin de la décennie, avec plusieurs ouvertures d'usines prévues au cours de la décennie. (avec AFP)