Avec une participation annoncée à 33 %, Daimler AG "devient actionnaire à droits égaux" aux côtés des deux groupes français, Stellantis et TotalEnergies, et occupera deux sièges sur six au conseil de surveillance de l'entreprise.

Cette annonce a été saluée par le ministre allemand de l'Économie comme "plus grande avancée pour le projet des cellules de batteries". Au cœur de la mutation de la filière automobile vers l'électrique, la coûteuse production de batteries voit se multiplier les partenariats entre industriels"La collaboration entre l'Allemagne et la France ouvre la voie à un champion des batteries en Europe", a déclaré Peter Altmaier dans un communiqué.

Daimler investira dans les prochaines années une somme "inférieure à un milliard d'euros" dans le développement des capacités de production de cellules électriques en Europe, dont autour de 500 millions d'euros en 2022, a indiqué le groupe. L'Allemand contribuera aussi via sa "technologie et son savoir-faire en matière de production", précise le groupe, alors que les détails financiers de la prise de participation n'ont pas été divulgués.   

D'ici la fin de la décennie, ACC veut porter sa capacité de production à 120 GWh annuelle pour un volume total d'investissement de "plus de sept milliards d'euros" de tous les partenaires, deux milliards de plus que lors de l'annonce d'ACC en septembre 2020. L'entreprise vise ensuite la fabrication d'un million de batteries pour voitures électriques par an d'ici 2030. Le projet "sera soutenu par des subventions publiques" d'au moins 1,3 milliard d'euros, et financé également "par des apports en fonds propres et des emprunts", détaille un communiqué conjoint.

Il s'agit d'une "décision stratégique importante" de la part du groupe allemand, qui lui permet de "prendre pied dans la production de la plus importante composante des voitures électriques", juge l'expert Ferdinand Dudenhöffer, directeur du Center Automotive Research, basé en Allemagne.

Daimler a promis qu'il sera "prêt" à passer au tout électrique d'ici 2030 et va investir 40 milliards d'euros sur une décennie dans l'électrification. Le constructeur, qui prépare une scission historique du groupe Daimler avec la mise en Bourse de la division poids-lourds, compte ouvrir avec des partenaires huit usines de cellules électriques dans le monde, dont quatre en Europe.   

La collaboration avec ACC "nous assure des livraisons et permet des économies d'échelle", a fait valoir Ola Källenius, le patron de Daimler, cité dans le communiqué. ACC, qui présente une "constellation idéale" de partenaires devient "une partie importante de notre approvisionnement européen" et devrait arriver "relativement vite à de grands volumes", a-t-il ajouté lors d'une conférence téléphonique.

L'entrée de Mercedes-Benz au capital "renforce nettement le potentiel commercial de ACC et confirme nos plans ambitieux de croissance", a commenté Yann Vincent, PDG de l'entreprise, évoquant une "importante étape". Daimler "partage notre volonté de renforcer et d'accélérer" le développement d'ACC, a indiqué Carlos Tavares, le patron de Stellantis.

Pour le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, l'arrivé du groupe allemand "démontre la pertinence de l'initiative" et "conforte clairement notre ambition de créer un champion européen des batteries".

La première usine de batteries de la coentreprise, près de l'usine Stellantis de Douvrin dans les Hauts-de-France, prévoit de démarrer sa production en 2023 après l'ouverture d'une ligne pilote à Nersac (Nouvelle-Aquitaine) d'ici la fin de l'année. À l'usine allemande de Kaiserslautern exploitée par Opel, filiale allemande du groupe Stellantis, ACC veut démarrer la production de batteries en 2025.

L'Allemagne concentre une partie importante des 38 projets d'usines de batteries prévus en Europe, avec entre autres Volkswagen qui s'est associé au Suédois Northvolt, un projet du Chinois CATL ou la Gigafactory européenne de Tesla près de Berlin, également soutenue par les autorités allemandes. (avec AFP)