S'il est devenu le premier double Champion de Formule E avec son sacre à l'E-Prix de New York, Jean-Éric Vergne ne s'est pas fait remarquer qu'en bien ce week-end. Le Français devra en effet purger une journée de travaux d'intérêt général en raison d'un comportement antisportif lors de la première course du week-end.

Les deux DS Techeetah avaient alors été impliquées dans un carambolage dès le deuxième tour et passablement endommagées, Vergne ayant subi une crevaison tandis que l'aileron avant d'André Lotterer s'était coincé sous sa monoplace. Les deux pilotes se sont retrouvés en fond de peloton ; Vergne, qui risquait de perdre le titre ce week-end, a demandé par deux fois à son ingénieur d'ordonner à Lotterer de s'arrêter en piste afin de provoquer une neutralisation par le Safety Car, qui lui aurait permis de recoller au peloton. Le Francilien a ensuite demandé à son ingénieur s'il avait bien été entendu, l'intéressé lui confirmant qu'oui.

"Le pilote de la voiture #25 a déclaré reconnaître que ses messages pouvaient être mal compris", ont indiqué les commissaires dans leur communiqué, alors que Vergne a affirmé avoir demandé l'arrêt de Lotterer en piste car il était inquiet pour la sécurité des pilotes en raison des débris. "Il a reconnu, avec le recul, que ces messages étaient inappropriés, d'autant qu'ils ont été exprimés sur un canal ouvert au public via l'E-App, dont il était conscient qu'il pouvait être surveillé par la direction de course."

"Les commissaires ont noté le fait que l'ingénieur de la voiture #25 n'a pas répondu aux messages de M. Vergne. Les commissaires acceptent l'explication de M. Vergne, mais un sportif de haut niveau a l'obligation d'agir de manière fair-play et correcte et d'être un modèle pour les autres pilotes à tous les niveaux du sport automobile."

Vergne : "Tout le monde demanderait la même chose"

Vergne ne semble toutefois pas regretter son acte, déclarant à InsideEVs : "Si j'avais interrogé tous les autres pilotes en F1 ou en Formule E, ils auraient demandé la même chose. On passe au ralenti, on voit son coéquipier à un tour avec une voiture cassée et un aileron avant comme ça dans le mur, c'est normal [de demander]. Tout le monde demanderait la même chose. Ce n'est pas comme s'il avait été bien placé avec une voiture en bon état, ou si je lui avais demandé de la mettre dans le mur comme c'est arrivé par le passé." Le pilote DS Techeetah fait ici référence au Grand Prix de Singapour 2008 de Formule 1, où Renault avait demandé à Nelson Piquet Jr de percuter le mur afin de faire neutraliser la course par le Safety Car, ce qui avait permis à son coéquipier Fernando Alonso de s'imposer.

De plus, Vergne suggère qu'Audi a joué un rôle dans cette sanction : "Audi était très en colère que mon équipe ait porté réclamation contre eux hier. Ils ont donc cherché n'importe quoi pour porter réclamation contre nous. C'est aussi simple que ça." Contactée par InsideEVs, l'écurie Audi Sport Abt Schaeffler a nié avoir porté réclamation contre Vergne.

S'exprimant avant que sa sanction ne soit annoncée, le Francilien s'était néanmoins déclaré favorable à ce qu'un exemple soit fait de son cas : "S'ils me donnent une pénalité, je suis content qu'elle donne l'exemple pour que les pilotes, moi compris, arrêtent de se plaindre à la radio pour tenter de pousser des choses à se produire pour leur propre bénéfice. En Formule 1, tout le monde fait ça, et en Formule E aussi. Cela ne me dérangerait pas du tout d'endosser la responsabilité afin que nous cessions de nous plaindre pour notre bénéfice en provoquant une voiture de sécurité, en faisant pénaliser un autre pilote. Ce serait bien [d'arrêter ça]."

Propos recueillis par Alex Kalinauckas