L'État français peine-t-il à tenir ses engagements en matière d'automobile électrique, afin de faciliter l'essor du secteur ? C'est en tous cas ce que pense la Plateforme automobile (PFA), qui représente les intérêts du secteur, et qui a demandé au gouvernement une série de mesures d'urgence afin de faire décoller les ventes de voitures électriques, encore insuffisantes face aux objectifs européens de réductions des émissions de CO2. La demande principale concerne évidemment les infrastructures de recharge, qui est aujourd'hui le talon d'Achille du développement de l'électrique.

"Alors que l'État s'est engagé à porter à 100'000 le nombre de bornes de recharge à horizon 2022, nous n'étions qu'à 25'000 en décembre dernier, six mois plus tard nous sommes à 26'300", a déclaré Luc Chatel, président de la PFA, à la sortie d'un comité stratégique de la filière auxquels participaient également le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, et la ministre des Transports Elisabeth Borne. L'ancien ministre a également demandé "une mesure législative permettant aux copropriétaires de faire installer dans un délai de 3 mois maximum une borne de recharge", puisque l'absence de bornes dans les logements communs privés est actuellement l'une des causes principales du manque d'infrastructures, puisque cela représente la moitié des Français.

Selon Luc Chatel, c'est "l'enjeu numéro un pour la survie" de la filière dans l'Hexagone, et il regrette que "les conditions du décollage du marché du véhicule électrique ne sont pas réunies. Au regard des objectifs européens et des choix politiques faits par la France, au regard des investissements sans précédent engagés en conséquence par les industriels, nous avons une obligation de résultat." Par ailleurs, il a également demandé le maintien à long terme du bonus de 6000 euros pour l'achat d'un véhicule 'zéro émission' et l'ajout d'un bonus de 2000 euros pour les voitures hybrides rechargeables.

Ce débat et cette demande urgente interviennent à un an de la mise en place de nouvelles normes sur les émissions de CO2 pour les constructeurs, qui devront réduire la moyenne de leur flotte à 95 g/km. Actuellement, seul Toyota y parvient, mais l'évolution va devoir être rapide pour les autres, qui sont en moyenne 20 % au-dessus des futures normes, puisque des millions d'euros d'amende sont à la clé.

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