Président de la FIA, Jean Todt révèle que la commission des calendriers ne s'est pas réunie pour tenter d'éviter les trois conflits de date entre le WEC et la Formule E pour la saison 2019-20.
Le nouveau calendrier de Formule E a été dévoilé ce vendredi, et l'on a découvert que trois courses coïncident avec des manches de WEC déjà prévues, à savoir les 6 Heures de Bahreïn, les 1000 Miles de Sebring et les 6 Heures de Spa-Francorchamps. Les deux premiers E-Prix concernés sont des épreuves dont le lieu reste à confirmer, le troisième étant celui de Séoul.
Cette situation représente un casse-tête pour les nombreux pilotes impliqués dans les deux championnats, et manifestement, elle aurait pu être évitée : le sujet n'a pas été évoqué par la commission des calendriers de la FIA. "S'il y a une commission et qu'elle ne se réunit pas, j'en suis désolé", déplore Jean Todt, président de la fédération.
D'où le dilemme auquel fait face Sam Bird, entre autres, qui court en Formule E avec Virgin Racing depuis la création du championnat mais est également pilote Ferrari de longue date dans la catégorie GTE Pro du WEC. Il y a deux ans, lorsque l'E-Prix de New York tombait en même temps que les 6 Heures du Nürburgring, Bird avait été remplacé chez AF Corse (qui gère le programme de Ferrari en WEC) par Toni Vilander.
"Pour nous, pilotes, cela complique beaucoup la vie", déclare l'Anglais à e-racing365. "Je prends mes deux jobs très au sérieux et je porte mes combinaisons Envision Virgin et Ferrari avec une grande fierté et tout autant de professionnalisme. L'un de mes patrons ne sera pas content de cette situation, voire les deux, et ça se comprend."
"Quand cela devient une question de priorité, se retrouver pris en sandwich ainsi est très difficile. Il n'y a pas de bonne solution pour moi, car quelqu'un va être très agacé. Cela nous met simplement dans une situation horrible. Si seulement ce pouvait être résolu ! C'est très frustrant."
Priorité FE pour Lotterer et Vandoorne
Pour d'autres, le choix est vite fait. Pilote Rebellion en LMP1 et triple vainqueur des 24 Heures du Mans, André Lotterer privilégiera la Formule E au sein de l'écurie DS Techeetah. "S'il y a trop de clashs, je vais forcément me concentrer sur la Formule E, car c'est un plus grand challenge actuellement", indique-t-il à e-racing365. "Vous avez vu cette année que j'ai manqué Sebring pour une simple séance sur le simulateur. Les gens ne le comprennent pas vraiment, mais une séance de simulateur en Formule E est un test vraiment important afin de préparer la course."
Quant à Stoffel Vandoorne, qui vient de faire ses débuts en WEC avec deux podiums à Spa-Francorchamps et aux 24 Heures du Mans, il est en pole position pour rester chez HWA (qui deviendra Mercedes) la saison prochaine en Formule E. Cette dernière "sera forcément [sa] priorité" mais il espère néanmoins pouvoir "combiner les deux, dans un scénario idéal".
Buemi dans l'embarras
Pour Sébastien Buemi, qui a été Champion de Formule E avec Renault e.dams (désormais Nissan e.dams) en 2015-16 mais a également remporté le titre mondial d'Endurance chez Toyota en 2014 et en 2018-19, la situation contractuelle est claire, même si le Suisse refuse logiquement de s'épancher à ce sujet.
"Tout d'abord, le calendrier de la FE n'est pas encore complètement validé", souligne Buemi, interrogé par InsideEVs. "J'espère qu'il y aura encore des changements. Bien entendu, il y a des clauses contractuelles dans chaque cas. Il faudra quand même le discuter en interne, mais ça, je le garde pour moi. J'ai des clauses dans les contrats, donc il n'y a rien à choisir."
Au moment du conflit de 2017, bien que leader du championnat de Formule E, Buemi avait été contraint par son contrat avec Toyota de disputer les 6 Heures du Nürburgring et non l'E-Prix de New York, et il avait finalement perdu le titre FE à Montréal. Cependant, la marque japonaise dispose désormais d'un réserviste de luxe en Thomas Laurent, et il est donc impossible de tirer des conclusions.
D'autant que comme le fait remarquer Buemi, le calendrier pourrait encore évoluer. Jean Todt confirme : "Certains pilotes ont clairement manifesté leur intérêt à participer aux deux championnats. J'ai déjà demandé aux personnes concernées de voir si l'on pouvait trouver des solutions."
"Je dois dire que ce n'est pas facile, car chaque championnat a ses propres besoins et ses propres problèmes à résoudre, mais si c'est quelque chose que nous pouvons améliorer, nous le ferons. Je suis quelque peu mécontent que cette commission ne se soit pas réunie pour essayer de résoudre le problème, mais il n'est jamais trop tard pour tenter de le faire."