À ce stade de la saison 2018-19 de Formule E, bien malin qui peut prédire l'identité du futur Champion. Bien qu'il ne reste que quatre courses à disputer, les 22 pilotes du plateau demeurent mathématiquement en lice pour le titre. Et n'oublions pas qu'en neuf épreuves, il y a déjà eu huit vainqueurs de huit écuries différentes, ainsi que sept polemen provenant de six équipes !

Fer de lance de l'écurie BMW i Andretti, António Félix da Costa a remporté le premier E-Prix de la saison à Ad Diriyah et, depuis lors, se retrouve immanquablement dans le désavantageux Groupe 1, ce qui l'empêche d'être bien positionné sur la grille de départ malgré des performances convaincantes. D'où une interrogation du Portugais : est-ce vraiment la meilleure association pilote/écurie qui remportera le titre ?

Interviewé par InsideEVs avant qu'il ne soit informé de sa disqualification à Monaco, Félix da Costa s'est épanché sur cette problématique : "C'est juste frustrant. Je comprends ce qui est souhaité avec ce système de qualifications, c'est pour que les pilotes à l'avant du championnat se qualifient à l'arrière, d'accord. Mais il faut des circuits qui permettent de remonter à l'avant, et ce n'était pas le cas [à Monaco]. Le meilleur pilote, la meilleure voiture et le meilleur package ne remporteront pas le championnat comme ça."

"Je suis juste frustré, j'ai le sentiment que nous avions la voiture pour gagner. Pour la sixième ou septième fois j'étais premier dans mon groupe contre ceux qui sont en théorie les pilotes les plus rapides du championnat, mais ça n'a suffi que pour la neuvième place. Compte tenu de tout cela, de notre situation, finir sixième représente de bons points – mais j'ai peur que dans ces circonstances, je ne puisse jamais remonter sur le podium cette saison."

"Je ne sais même pas comment planifier l'avenir, comment puis-je remporter ce championnat ? Est-ce juste en faisant de notre mieux, ou devrions-nous prévoir d'être dans le Groupe 2 et de gagner une course de temps en temps ? Je n'en ai aucune idée, c'est comme ça."

Lorsque nous lui demandons s'il s'attendait à ce que le format de qualifications ait un tel impact, Félix da Costa répond : "Oui, je pense. Les règles ont été créées pour faire le spectacle. Si les fans aiment ça, si le spectacle est là, qui sommes-nous pour changer ça ? Nous sommes des acteurs et nous devons faire le spectacle, je comprends tout ça. Si c'est le cas, tant mieux."

"Mais pour nous, les athlètes, dans les voitures, nous passons des jours et des jours sur le simulateur. Je ne suis jamais à la maison, je travaille d'arrache-pied pour essayer de gagner ce championnat, je viens ici et j'exécute ma journée à la perfection, mais je dois partir neuvième. C'est pourquoi je suis frustré. Est-ce que c'est bien ou non, ce n'est pas à moi de le dire, je ne fais pas le règlement. Je viens, je joue et je pars. Je donne juste mon avis avec franchise."

Mais quelle voiture est la plus rapide ?

António Félix da Costa se demande si le meilleur pilote et la meilleure monoplace l'emporteront, mais il reste à savoir de qui il s'agit, ce qui n'est pas facile à déterminer. Une analyse des chronos en essais permet toutefois de déterminer quelles équipes ont l'avantage dans l'exercice du tour lancé à 250 kW de puissance.

La plupart du temps, les teams réalisent leur meilleur temps en Essais Libres 2 – les conditions de piste sont meilleures qu'en EL1, tandis qu'un seul tour lancé de préparation à 200 kW est autorisé en qualifications avant la tentative à 250 kW. Nous avons ici exclu Ad Diriyah et Hong Kong, où les essais ont tous été perturbés par la pluie, pour obtenir une hiérarchie la plus représentative sur le sec – dans les deux cas, DS Techeetah avait établi le meilleur temps du jour grâce à un meilleur rythme de course. Cela dit, une écurie comme BMW i Andretti reste peut-être handicapée par la présence constante de Félix da Costa dans le Groupe 1 des qualifications, où il est plus difficile d'améliorer un chrono établi en EL2.

Équipe Marrakech Santiago Mexico Sanya Rome Paris Monaco Moyenne
 Nissan e.dams 100,39% 100,69% 100,48% 100% 100,17% 100,17% 100% 100,27%
 Jaguar 100% 100,38% 100,87% 100,43% 100,44% 100% 100,39% 100,36%
 BMW i Andretti 100,47% 100,68% 100% 100,16% 100,17% 100,51% 100,97% 100,42%
 DS Techeetah 100,32% 100,94% 101,08% 100,26% 100% 100,28% 100,25% 100,45%
 Audi Sport Abt 100,92% 100,15% 100,60% 100,43% 100,70% 100,24% 100,41% 100,49%
 Virgin (Audi) 100,29% 100,10% 100,71% 100,63% 100,75% 100,59% 100,82% 100,56%
 Mahindra 101,12% 100,36% 100,61% 100,25% 101,22% 100,54% 100,42% 100,65%
 Dragon 100,72% 100% 100,73% 100,53% 100,82% 100,82% 101,17% 100,68%
 Venturi 101,25% 101,03% 100,30% 100,36% 101,15% 100,80% 100,49% 100,77%
 HWA (Venturi) 101,38% 101,13% 101,23% 100,77% 100,94% 100,81% 101,15% 101,06%
 NIO 100,82% 100,92% 100,89% 101,68% 101,62% 100,93% 101,47% 101,19%

On remarque donc que la hiérarchie est extrêmement serrée, avec neuf écuries sur onze dans les 100,8% du meilleur temps en moyenne, avec l'avantage à Nissan e.dams... l'une des rares équipes à ne pas encore avoir gagné cette saison, malgré quatre pole positions (dont trois effectives, Oliver Rowland ayant perdu trois places sur la grille de départ à Monaco). Jaguar Racing est un autre team ayant peiné à concrétiser son potentiel jusqu'à présent. Ces deux teams auront une belle opportunité de briller à Berlin, dans une dizaine de jours, puisqu'aucun de leurs pilotes ne sera dans le Groupe 1 en qualifications.

Propos recueillis par Alex Kalinauckas