En 2021, de nouvelles règles entreront en vigueur en Europe, obligeant les constructeurs automobiles à produire des voitures émettant moins de 95 g/km d'émissions de CO2. Un objectif élevé puisque la marque la moins polluante d'Europe parmi celles qui vendent le mieux est pour le moment Toyota, avec 99,9 g/km de CO2 rejeté. Les données visées seront adaptées à la taille des voitures vendues, et chaque constructeur devra trouver la recette miracle pour abaisser ses émissions.
Une recette miracle que n'a pas tardé à trouver Fiat Chrysler Automobiles, mais pas là où on l'attendait. En retard sur le développement de ses voitures hybrides rechargeables et électriques, le groupe italo-américain a décidé de ne pas redoubler d'efforts pour tenter de rattraper le temps perdu, alors que sa gamme affiche aujourd'hui des rejets de CO2 moyens à 123 g/km, mais de s'associer avec une marque 100 % électrique, en l'occurrence Tesla, pour abaisser ses émissions avant la date limite demandée par l'Europe.
Des millions investis pour éviter des milliards d'amende
Selon le Financial Times, l'accord porte sur plusieurs centaines de millions d'euros, ce qui serait le principal avantage pour Tesla qui vend ainsi du "crédit carbone", et permettrait à Fiat, en dépensant une telle somme, d'éviter une amende de la part de l'Union européenne qui pourrait se compter en milliards d'euros. Les groupes automobiles peuvent déjà faire cela en Europe lorsque les marques appartiennent au même propriétaire. C'est notamment le cas de Volkswagen Audi Group (VAG), qui peut équilibrer les émissions de ses véhicules entre ses différentes marques.
Au Japon, Toyota et Mazda ont déjà créé une alliance du même type, mais c'est la première fois que cela arrive en Europe, comme l'explique Julia Poliscanova, directrice du groupe de recherche Transport & Environment : "Pour l’Europe, c’est la première fois que des fabricants complètement séparés mettent en commun leurs émissions en tant que stratégie de conformité commercialement viable. Une fois que vous avez créé un pool, ajoute-t-elle, celui-ci est valable plusieurs années." Pour Fiat, c'est aussi l'assurance de ne pas devoir produire un trop gros volume de voitures électriques qui pourrait être supérieur à la demande. Mais malheureusement, c'est avant tout un moyen de contourner des règles destinées à protéger l'environnement.